Une multiplicité de plateforme : des navigateurs Web aux consoles
En matière de jeux gratuits, on constate une politique similaire de l’autre côté de l’Atlantique. Les États-Unis, pourtant longtemps réfractaires aux « micro-transactions », s’ouvrent de plus en plus aux jeux en ligne « Free to Play ». Le studio Turbine expérimente par exemple le modèle avec Dungeons and Dragons Online (d’abord payant, puis exploité en « Free to Play » depuis fin 2009). Et selon le studio, la version gratuite attirerait de nombreux nouveaux joueurs et rapporterait plus que les abonnements mensuels récoltés jusqu’alors auprès d’un trop faible nombre de joueurs. Même expérimentation chez Sony Online Entertainment avec FreeRealms (même si l’on peut discuter son caractère « gratuit » tant les options payantes sont nombreuses), qui incarne le retour de SOE sur le devant de la scène. Le jeu revendique cinq millions d’inscrits en huit mois et ouvre dans la foulée la porte du MMO aux familles...
Loin d’être en crise, le secteur du jeu « Free to Play » semble surtout atteindre une certaine maturité. Le genre entre dans les mœurs des joueurs occidentaux et la seule « gratuité » ne suffit plus à les séduire. La diversité permet aux joueurs de devenir exigeants : les meilleurs jeux, les services les plus efficaces sortent du lot et le secteur s’assainit.
Le MMO sur navigateurs Web
Au-delà de la diversité des genres et des modèles économiques, l’avenir du MMO interroge forcément aussi sur la multiplicité des plateformes. Et en la matière, deux écoles s’affrontent : pour les uns, l’avenir de l’industrie du jeu vidéo passe par le jeu en ligne sur plateformes mobiles et navigateurs Web (on pense notamment à cette multitude de jeux disponibles sur les réseaux sociaux). Pour les autres, le MMO pourrait (enfin) investir l’univers des consoles. Qu’en est-il réellement ?
On le constate depuis quelques années déjà : les réseaux sociaux connaissent une popularité croissante auprès des internautes (on recense déjà 350 millions d’utilisateurs de Facebook). Mais malgré l’engouement qu’ils suscitent, ces réseaux sociaux peinaient à monétiser durablement leur audience... jusqu’à ce que les contenus ludiques viennent à leur rescousse. Réseaux sociaux et jeux font manifestement bon ménage : les titres du studio Zynga, par exemple, comme Farmville (avec un pic à 73,8 millions de joueurs actifs revendiqués en janvier 2010) ou Mafia Wars (25,9 millions de joueurs actifs en octobre 2009) entretiennent un financement efficace et suscite l’intérêt des acteurs traditionnels du jeu en ligne.
Si les « Web games » ne sont pas exempts de critiques (on pointe notamment les limites techniques des navigateurs ou, chez certains opérateurs, des méthodes de promotion douteuses), ils sont rapides et faciles à concevoir pour les studios (une poignée de développeurs travaillant en moyenne quatre à six mois sur un titre), tout en étant très accessibles pour le joueur (pas de téléchargements laborieux, ni d’installation) et en jouant sur un contenu social très grand public.
Une recette gagnante ? Peut-être. En 2009, 1,38 milliards de dollars ont été investis dans le secteur et selon l’analyste Lazard Capital Markets, le marché pourrait croître de 40% en 2010. Si aujourd’hui, les chiffres d’affaires restent encore modestes (en Corée, Tribal Wars ou 7th Dragon, les jeux sur navigateur les plus populaires en Asie, génèrent un chiffre d’affaires mensuel d’environ 190 000 euros), l’offre explose et la plupart des principaux acteurs de l’industrie du jeu en ligne proposent leurs propres jeux sur navigateur. NCsoft a ainsi ouvert une division « Web Games » qui se consacre notamment à Murim Empire, Funcom fait de même avec sa filiale Sweet Robots, tout comme Electronic Arts, qui s’est offert le studio Playfish pour 300 millions de dollars fin 2009. IGG multiplie les web games, tout comme gPotato, plus près de nous qui a déjà annoncé Castle of Heroes ou Ubisoft qui exploite en ligne Might and Magic: Heroes Kingdoms...
L’intérêt des gros acteurs de l’industrie du jeu en ligne crédibilise et pérennise le marché... et contribue au développement de nouvelles technologies toujours plus puissantes, mais fonctionnant toujours dans un simple navigateur Web : Id Software exploite le FPS Quake Live via un simple plug-in de navigateur ; avec Leelh, 3Dduo ambitionne de proposer un véritable MMORPG sur la même plateforme ; tout comme FusionFall et son impressionnant moteur 3D Unity.
De quoi imaginer l’avenir du jeu en ligne sur navigateur ? Certains semblent le croire et la plateforme offre de quelques atouts. Aux joueurs de répondre présents (ou non) en 2010.
- Entre rétrospective 2009 et prospective 2010
- L'impact du lancement d'Aion et des jeux de niche
- Vers la maturité du « free to play » ?
- Une multiplicité de plateforme : des navigateurs Web aux consoles
- Le MMO sur consoles
- Un contenu de plus en plus scénarisé
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