Dans Diablo Immortal, la description de la gemme Blessing of the Worthy n'était pas la même d'un niveau à l'autre. Une erreur vite corrigée par Blizzard, sauf que la gemme était en vente dans la boutique du jeu. Faut-il y voir de la publicité mensongère ?
Dans un jeu en ligne, certains objets sont plus convoités que d’autres, notamment en fonction de leurs effets in-game. La gemme Blessing of the Worthy de Diablo Immortal faisait ainsi partie de ces objets convoités, du fait de sa description : dès lors que porteur encaisse des dégâts, la gemme promettait d’octroyer 20% de chances d’infliger des dommages en retour à l’adversaire à hauteur de 12% de son niveau de vie maximum. La gemme pouvait par ailleurs être améliorée pour augmenter le pourcentage de dégâts infligés. Problème : arrivé au niveau 3, la description de la gemme n’était plus la même et le pourcentage de dégâts n’était plus calculé sur le niveau de vie maximum du personnage, mais sur son niveau de vie actuel. En d’autres termes, sur un personnage moribond, la gemme infligerait des dégâts inexistants ou presque. Or la gemme était particulièrement convoité par un build de Barbares doté d'une grosse réserve de points de vie mais pouvant évoluer avec un très faible niveau de vie.
Assez classiquement, les joueurs de Diablo Immortal ont donc signalé la différence d’effet d’un niveau à l’autre et rapidement, Blizzard concédait qu'il s'agissait bien là d'une erreur (peu importe le niveau d'amélioration, les dégâts infligés par la gemme sont calculés sur le niveau de vie actuel du personnage et non son niveau de vie maximum) et dans la foulée, le développeur déployait un patch correctif de la description de l’objet.
Evidemment, l’objet se révèle dès lors bien moins intéressant, les joueurs ont râlé sur les réseaux sociaux et pour « apaiser la frustration », Blizzard leur distribuait quelques objets supplémentaires en guise de dédommagement.
Description erronée d'un objet payant
Tout est bien qui finit bien ? Pas tout à fait. Notamment parce que la gemme Blessing of the Worthy n’est pas un objet qui se gagne en jeu, mais un objet qu’il fallait acheter via un pack dans la boutique de Diablo Immortal. La gemme était vendue dans un pack à 103$ et pour profiter pleinement des effets d’améliorations qu’il contenait, les joueurs devaient investir en plus dans des packs supplémentaires vendus respectivement 27$ et 30$.
On comprend mieux l’enjeu du débat : les joueurs ont acheté un pack avec la promesse d’un effet précis dans le jeu (des dégâts calculés en fonction du maximum de points de vie du personnage) et ont obtenu un objet produisant un effet bien moindre, et ne permettant pas de composer le build que les joueurs espéraient.
Faut-il dès lors y voir de la publicité mensongère ? C’est manifestement la conviction du cabinet d’avocat américain Migliaccio & Rathod (relayé par Polygon), qui recherche actuellement des joueurs mécontents afin d’initier une action collective contre Blizzard. Selon le cabinet d’avocat, la « pratique équivaut essentiellement à un bait-and-switch », un leurre, une duperie pour appâter le client avec de fausses promesses. Une pratique commercialement répréhensible, encore aggravée par le fait que Blizzard a reconnu l’erreur mais a refusé de rembourser les joueurs mécontents de leur achat. Le studio s’est contenté de corriger la description et d’une compensation en jeu jugée insuffisante par les concernés.
À ce stade, on ignore si le cabinet Migliaccio & Rathod trouvera suffisamment de joueurs pour constituer un dossier, si l’affaire arrivera un jour devant un juge et plus encore comment un tribunal pourrait statuer sur un tel dossier. Pour autant, on comprend les enjeux soulevés par l’affaire et le régime juridique applicable aux objets virtuels (assimilables ou non à des produits plus tangibles), avec les conséquences qu’on imagine pour les exploitants de jeu, notamment en termes de remboursements. À défaut de réponse à ce stade, on serait curieux de découvrir la réponse des juges américains. A fortiori à l'heure où le Parlement européen entend réguler le secteur et milite pour que les politiques de retours et de remboursements qui protègent les consommateurs s’appliquent aussi aux achats dans les jeux en ligne.
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