Une pénalité à 520 millions de dollars pour avoir trompé les jeunes joueurs de Fortnite
Epic Games est par la FTC à la fois pour n'avoir pas respecté la loi américaine sur les données personnelles des jeunes joueurs et avoir mis en place des pratiques commerciales malhonnêtes dans Fortnite. Le studio accepte une pénalité de 520 millions de dollars.
Lors de son arrivée aux affaires aux Etats-Unis, l’administration Biden avait annoncé son intention de réguler plus strictement l’industrie des nouvelles technologies – jugée trop puissante, notamment sous l’impulsion des Gafam. Pour mener cette mission à bien, Lina Khan a été placée à la tête de Federal Trade Commission américaine (la FTC) et elle fait une nouvelle fois la démonstration de sa détermination à protéger les consommateurs aux Etats-Unis : les pratiques commerciales d’Epic Games à destination des jeunes joueurs de Fortnite étaient dans le collimateur de la FTC et le développeur vient d’accepter une pénalité de 520 millions de dollars pour mettre un terme aux poursuites de la Commission.
Concrètement, la FTC avait deux principaux griefs contre Epic : d’abord une violation du Children’s Online Privacy Protection Act (COPPA), la loi américaine de protection des données personnelles visant les jeunes internautes ; et ensuite des pratiques commerciales jugées malhonnêtes, conçues pour inciter les joueurs à valider des achats involontairement dans le jeu.
Violation de la vie privée des jeunes joueurs
Dans un premier temps, Epic Games est donc mis à l’amende à hauteur de 275 millions de dollars pour ne pas avoir respecté les principes du COPPA : Fortnite s’adresse à de jeunes joueurs, Epic Games était évidemment conscient que « nombre de ses 400 millions de joueurs sont des enfants et des adolescents », mais le développeur collectait néanmoins les données personnelles des joueurs de moins de 13 ans, sans notifier ni chercher à obtenir le consentement de leurs parents. C’est évidemment illégal. Plus problématique encore, la FTC note que le développeur « multipliait les obstacles » pour empêcher les parents d’obtenir la suppression des données personnelles de leur progéniture enregistrées par le studio.
Dans un second temps, la FTC constate aussi que le chat vocal et textuel de Fortnite était activé par défaut pour les joueurs mineurs, les exposant ainsi à d’éventuelles mauvaises rencontres en ligne. Toujours selon la FTC, depuis 2017, certains salariés d’Epic incitaient le studio à désactiver l’option par défaut, notamment parce que de jeunes joueurs « étaient harcelés, notamment sexuellement, alors qu’ils jouaient en ligne ». La FTC constate que la société n’a pas modifié l’option et relève donc un comportement coupable.
Finalement, ce n’est qu’au début du mois qu’Epic a déployé son système de « comptes limités » permettant « aux joueurs les plus jeunes de profiter d'une expérience personnalisée sûre et inclusive lors de leur utilisation de la boutique ou du lanceur ». Le compte limité est associé à une adresse email du parent et couplé au système de contrôle parental de l'utilisateur.
Des pratiques commerciales trompeuses
Parallèlement, la FTC inflige une seconde pénalité à Epic Games, cette fois d’un montant de 245 millions de dollars, pour avoir mis en œuvre des « dark patterns » (des processus malhonnêtes) visant à « piéger les jeunes joueurs pour qu’ils valident des achats involontairement et permettre que les enfants procèdent à des achats non autorisés sans consentement parental ».
Selon la FTC, Epic aurait mis en œuvre des procédés « trompeurs ou contrintuitifs », validant par exemple des achats pendant des écrans de chargement ou alors que l’utilisateur pensait simplement afficher un skin (et non l’acheter). Des « centaines de millions de dollars » auraient ainsi été collectés indument auprès des joueurs et en cas de réclamations ou de contestations, les équipes d’Epic étaient enclines à suspendre les comptes des joueurs mécontents (plus d’un million de plaintes auraient ainsi été ignorées).
Les 245 millions de dollars de pénalité infligés par la FTC ont ainsi vocation à rembourser les joueurs abusés – les concernés seront contactés afin de leur communiquer les mesures pratiques de remboursement. Parallèlement, Epic devra changer ses pratiques et notamment rétablir les comptes suspendus – à l’exception des cas manifestes de tentatives d’arnaques.
Epic Games prend acte
Dans un long communiqué, Epic Games indique prendre acte et accepter les pénalités de la Commission, et en profite aussi pour rappeler les efforts réalisés au cours de ces dernières années pour améliorer l’expérience de jeu des (jeunes) joueurs – évoquant notamment l’absence de mécaniques pay-to-win ou pay-to-progress, ou encore la disparition des loot boxes de Fortnite dès 2019 et une meilleure réintégration des systèmes de contrôles parentaux.
Epic n’est pas le premier à avoir été épinglé par la FTC sur ces sujets (Amazon, Apple et Google en ont déjà fait les frais aussi), mais gageons que les actions de la FTC serviront d’exemples et contribueront à assainir certaines pratiques commerciales parfois encore en vigueur dans l’industrie du jeu ou des nouvelles technologies.
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