Pendant un an et demi, un joueur d'Aika Online aurait profité d'une faille pour dupliquer des objets rares du MMORPG, pour un préjudice total de 17 millions d'euros. Les juges sud-coréens l'ont condamné pénalement à un et demi de prison.
Tous les exploitants de MMORPG ou presque entendent lutter contre la triche (avec plus ou moins d’efficacité), et certains sont même parfois enclins à engager des poursuites contre les tricheurs. C’est notamment le cas du studio sud-coréen HanbitSoft, éditeur d’Aika Online en Corée du Sud.
Entre décembre 2017 et mai 2019, l’un des joueurs du MMORPG aurait profité d’une faille de sécurité lors des maintenances du jeu pour dupliquer des objets rares du titre et les commercialiser dans le jeu. Au total, il aurait répété l’opération 2630 fois pour un préjudice évalué par le studio à 23 milliards de wons (la bagatelle de plus de 17,2 millions d’euros). Une fois la fraude constatée, l’éditeur lui aurait proposé un règlement amiable pour un montant équivalent à 750 000 euros, manifestement refusé par le joueur. HanbitSoft a donc engagé des poursuites pénales en Corée et les juges du district central de Séoul ont rendu leur verdict le 20 avril dernier : un an et demi de prison, trois ans de probation et 80 heures de travaux d’intérêt général.
Le joueur arguait que HanbitSoft était responsable de la sécurité du jeu et qu’à ce titre, l’éditeur aurait dû faire en sorte de combler la faille de sécurité de son MMO. Et les juges ont effectivement convenu que l’éditeur avait fait preuve de « négligence coupable » dans l’exploitation de son jeu, ayant contribué à aggraver les conséquences de la triche, notamment sur l’économie in-game d’Aika Online. Pour autant, les juges ont aussi estimé que le jeu en ligne n’est plus un simple loisir aujourd’hui, mais aussi un écosystème global avec les enjeux économiques concrets – en Corée du Sud, le jeu en ligne et l’esport relèvent de la « culture sportive » au même titre que le sport traditionnel et à ce titre, les juges ont estimé qu’il était « nécessaire de punir strictement les transactions illicites dans les jeux ».
Si HanbiSoft a donc obtenu une condamnation pénale, l’éditeur envisage maintenant aussi une action civile visant à obtenir des dommages et intérêts en réparation du préjudice économique subi – mais dans le cas présent, une condamnation au civil pourrait être moins aisée dans la mesure où le studio a attendu plus d’un an avant de corriger la faille (sa responsabilité pourrait être engagée) et indique avoir été en mesure de supprimer 96% des objets dupliqués indument afin de limiter l’effet délétère de la triche sur l’économie du jeu (le préjudice économique n'est pas flagrant).
En attendant de découvrir une éventuelle suite à l'affaire, on retiendra quoi qu’il en soit que frauder dans un jeu et frauder dans la réalité ne sont plus si différents aux yeux des juges sud-coréens.
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