Zenimax implique John Carmack et Brendan Iribe dans ses poursuites contre Oculus VR
Depuis mai 2014, le groupe ZeniMax poursuit le studio Oculus VR, accusé d'avoir exploité indûment ses technologies de réalité virtuelle. ZeniMax apporte de nouveaux éléments et accuse John Carmack d'avoir dérobé des fichiers et des technologies.
On s'en souvient, en mai 2014, le groupe ZeniMax engageait des poursuites (toujours en cours) contre Oculus VR, estimant que l'Oculus Rift, le casque 3D du studio avait été conçu sur la base de ses propres technologies -- notamment développées par John Carmack, alors salarié de ZeniMax avant qu'il ne soit débauché par Palmer Luckey pour rejoindre Oculus VR avec plusieurs de ses collègues.
Aujourd'hui, ZeniMax complète son action en justice en apportant de nouveaux éléments aux juridictions texanes actuellement en charge de l'affaire et rapportés en détails par Game Informer. Au regard de ces nouveaux éléments, le groupe implique très directement son ancien salarié John Carmack, en plus de Brendan Iribe (aujourd'hui CEO d'Oculus VR) et de Facebook (la maison-mère d'Oculus VR).
Selon les allégations de Zenimax, John Carmack n'aurait pas seulement échangé des mails avec Palmer Luckey (comme c'est déjà établi), avant de partager ses activités professionnelles comme consultant entre ZeniMax et Oculus VR, puis de rejoindre pleinement Oculus VR comme directeur technique, mais il aurait aussi récupéré les documents et matériels sur lesquels il travaillait pour le compte de ZeniMax (son ancien employeur, donc) afin de continuer à les exploiter indûment chez Oculus VR qui venait de le débaucher.
« (...) Au lieu de respecter son contrat, durant ses derniers jours chez ZeniMax, [John Carmack] a copié des milliers de documents sur les ordinateurs de ZeniMax pour les stocker sur des clefs USB. Il n'a jamais restitué ces fichiers, ni leurs copies alors que son contrat chez ZeniMax prenait fin. En outre, alors qu'il n'était plus salarié chez ZeniMax, Carmack est revenu dans les locaux de ZeniMax afin de prendre des outils conçus en interne pour le développement de technologies de réalité virtuelle appartenant à ZeniMax et faisant partie intégrante des technologies de réalité virtuelle de ZeniMax. (...) »
ZeniMax poursuit : John Carmack aurait dérobé ses technologies, notamment parce que Palmer Luckey (traditionnellement présenté comme le créateur du prototype de son casques 3D dans le garage de ses parents avant de professionnaliser ses activités -- un récit abondamment relayé par Brendan Iribe) serait en réalité un piètre programmeurs, incapable de ces réalisations. En d'autres termes, sans les technologies de ZeniMax, l'Oculus Rift n'aurait jamais vu le jour.
« Oculus VR, sous la direction de Brendan Iribe, a propagé dans la presse la fausse et fantaisiste histoire d'un Luckey, brillant inventeur de technologies de réalité virtuelle qui auraient été conçues dans le garage de ses parents. En réalité, l'histoire est complètement fausse : Luckey n'avait ni les connaissances, ni l'expertise, ni les ressources, ni le savoir-faire pour créer une technologie de réalité virtuelle viable commercialement. Ses capacités en programmation informatique étaient très rudimentaires, et il s'est appuyé sur les programmes et jeux de ZeniMax pour faire la démonstration du prototype de l'Oculus Rift [notamment DOOM 3]. Pour autant, cette fable du développeur visionnaire a été rapportée de plus en plus régulièrement dans les médias et au public, alors que les technologies de réalité virtuelle ont été développées par ZeniMax sans la moindre contribution substantielle de Luckey. »
Et ZeniMax ne s'arrête pas là puisque le groupe charge également Facebook, l'acquéreur d'Oculus VR pour plus de deux milliards de dollars. Toujours selon ZeniMax, lorsque Facebook a procédé à l'acquisition d'Oculus VR en mars 2014, le différend entre Oculus et ZeniMax était déjà de notoriété publique, et le réseau social ne pouvait donc pas ignorer que Palmer Luckey était tenu par une clause de confidentialité portant sur l'ensemble des technologies de réalité virtuelle de ZeniMax.
Plus concrètement, selon ZeniMax, Palmer Luckey était dans l'incapacité de concevoir seul son casque 3D, son prototype aurait été conçu sur la base de technologies appartenant à ZeniMax et juridiquement ces technologies ne pouvaient pas être exploitées par Oculus (du fait des clauses de confidentialité) et pour autant, Facebook a néanmoins investi deux milliards de dollars dans la start-up de Palmer Luckey en sachant qu'il n'était pas titulaire des technologies nécessaires à la concrétisation du casque de réalité virtuelle. En conséquence, Facebook aurait sciemment investi et soutenu une entreprise frauduleuse.
On ignore dans quel sens trancheront les juges texans (puisque l'affaire, jugée recevable par les juridictions compétentes, est toujours en cours), mais interrogé par Game Informer sur ces nouveaux éléments, Oculus VR se montre peu prolixe : « cette requête déposée par ZeniMax ne reflète que sa propre interprétation de l'histoire. Nous continuons de croire que cette affaire ne repose sur aucun fondement, et nous répondrons aux allégations de ZeniMax devant les tribunaux ». On sera donc curieux de les découvrir le moment venu, tout comme les éventuelles conséquences (s'il y a lieu, sans doute essentiellement financières) pour l'avenir de l'Oculus Rift.
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