De la triche dans StarCraft II, Blizzard engage des poursuites
Au début des années 90, les juges saisis d'un cas de triche dans un jeu solo donnaient gain de cause au tricheur (autorisé à jouer comme il l'entendait). Mais aujourd'hui et dans un jeu en ligne compétitif ? Blizzard poursuit le créateur d'un logiciel de triche officiant dans StarCraft II.
La triche est sans doute aussi ancienne que le jeu vidéo lui-même et les tricheurs vidéo ludiques (qu'ils soient créateurs ou utilisateurs de logiciels de triches) sont légions. Les exploitants de jeux se montrent plus ou moins prompts à tenter d'entraver l'action des tricheurs, techniquement le plus souvent, mais parfois aussi juridiquement en engageant des poursuites devant les tribunaux. Au début des années 90, Nintendo avait ainsi poursuivi le créateur d'un logiciel de triche sur la base d'une violation des copyrights... et avait été débouté (le juge considérant qu'un joueur est en droit d'expérimenter le jeu comme bon lui semble -- et aussi en trichant -- dès lors que le jeu était légalement acquis).
Aujourd'hui, la donne a sensiblement évolué, notamment avec la démocratisation du jeu en ligne. Tricher n'est plus une simple expérience personnelle, elle impacte aussi le plaisir de jeu des autres joueurs et les activités de l'exploitant (qui doit engager les moyens nécessaires pour gérer les plaintes des joueurs victimes de triches). Les enjeux vont encore croissant avec l'émergence de l'eSport et des ambitions compétitives de certains jeux vidéo (on tolère mal le soupçon de triche dans le cadre de tournois).
Raison pour laquelle, sans doute, Blizzard engage aujourd'hui des poursuites contre le créateur et vendeur (réclamant une « donation » de 37£ aux utilisateurs, tout en en faisant la promotion sur les forums officiels) d'un logiciel de triche sévissant dans StarCraft II et permettant par exemple d'en révéler la carte et les mouvements des troupes adverses.
Et comme de coutume, les poursuites se veulent dissuasives. Sur la base de violations de propriété intellectuelle (le logiciel de triche modifie indument le jeu), de parasitisme ou encore de violation des contrats de licence du jeu, non seulement Blizzard réclame la cessation d'activité du tricheur et l'ensemble de son matériel, mais aussi des dédommagements financiers (le paiement de ses frais de justice et une somme non encore déterminée mais qui pourra atteindre 150 000 dollars par infraction constatée, c'est-à-dire autant de logiciels distribués). On attend la décision des juges californiens -- notamment pour vérifier si leur position depuis l'affaire Nintendo il y a près de 25 ans a évolué (aujourd'hui, Blizzard en avant « l'environnement multijoueur » de StarCraft II comme l'un des « principaux facteurs de vente » du jeu, joué aussi par « des joueurs professionnels ou semi-professionnels »).
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Activités | Développeur de jeux vidéo, exploitant de jeux vidéo |
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