Trente euros pour un accès anticipé, ça pue toujours un peu mais quand la famine guette, on mange ce qu'on peut alors j'ai tenté
Bless.
Sur le papier :
- un éditeur de personnages complet et des personnages sympas, même en gros plan ;
- des graphismes pas très fins, au moins cinq ans dans la vue ;
- possibilité de dresser des bêtes, pour en faire des pets ou des montures ;
- un système intéressant de skills basés sur des "positions" et qui permettent de modifier les enchaînements disponibles, avec des embranchements pour complexifier le tout ;
- de grosses possibilités de
build a priori ;
- la 4e sortie du jeu donc on pouvait espérer un minimum de professionnalisme, l'expérience aidant ;
- un serveur unique qui promettait du lourd sur un jeu
PvP avec deux factions.
Jeu en main :
- surprise en sortant de l'éditeur : le personnage est soudain taillé à la serpe, les traits légèrement déformés ;
- même avec un moteur graphique des temps jadis, c'est optimisé par Thierry le stagiaire donc ça ra-a-a-a-ame ;
- système de
pet presque identique à celui de
Pokemon Go : on en ramasse des nuées qu'on pexe en les utilisant et qu'on consomme pour en uper certains, passionnant donc ;
- on peut modifier les types de positions et donc leurs enchaînements associés à mesure qu'on les débloque pour en utiliser seulement deux en combat, les possibilités d'enchaînements sont importantes et il faut composer avec des cooldowns différents mais à quoi bon quand de toute façon on utilise toujours les mêmes ?
- le build est marginal au mieux et même inutile sur l'arbre des skills d'enchaînements, on est très loin d'un
GW2 par exemple ;
- multiplication des serveurs dans l'urgence, patchs et maintenance multiples, bon c'est un peu toujours comme ça...
- ... mais les serveurs qui ferment à la création de personnage alors qu'on pensait qu'il n'y en aurait qu'un, ça ne facilite pas le rassemblement ou l'organisation.
Bless, comme tout MMO, mérite forcément qu'on s'y intéresse plus de quelques heures pour savoir ce qu'il a dans les tripes. Pourtant, une fois n'est pas coutume, on a l'essence du jeu dès les premières minutes : à la sortie de l'éditeur, on se demande si on n'a pas glissé dans une autre dimension. Le personnage n'est plus exactement le même que celui créé et on réalise avec horreur que la différence entre la beauté et la laideur est une question de millimètres. Les couleurs de peau, d'yeux et surtout le maquillage n'ont plus rien à voir mais ne vous inquiétez pas, même si la peau sera toujours beaucoup plus foncée que dans l'éditeur, elle change au cours du temps, comme les cheveux clairs qui prennent bien la couleur locale, un grand moment d'effets lumineux abusifs. Il faudra plusieurs essais et des prétentions revues à la baisse pour espérer jouer un personnage correct.
Mais on oublie tout ça très vite et on se lance dans le tutoriel. Et là, c'est la cata. Quand je dis que les premières minutes offrent une bonne vision d'ensemble : elles démontrent très clairement que le jeu n'a pas été testé. Le clavier qwerty non traduit oblige à aller sur google pour comprendre pourquoi la compétence de changement de position ne marche pas, les explications sont traduites à la louche et l'ensemble est difficile à comprendre, grossier et peu intuitif même si vous êtes à l'aise en anglais (oui parce que vous ne voudriez pas qu'il soit en français en plus ? ) . Une fois sorti, on se retrouve directement embrigadé dans l'histoire, ce qui n'est pas si mal mais si on peut considérer que les départs avec des histoires différentes selon la race qui se rejoignent vite sont une bonne chose pour jouer en groupe, la question du pourquoi se pose rapidement : le jeu est trop simple, on roule sur tout, même les donjons qui se font littéralement en
solo pour les deux premiers, aucun fun. Ah, mais si ! On groupe pour obtenir les buffs de races et de classe... et on joue chacun dans son coin, génial.
Au final, tout respire l'économie et le manque de passion. Très vite, vraiment très vite parce que les niveaux s'enchaînent sans effort, on débloque les skills par paquets de douze mais pas la peine de s'y intéresser, il suffit de voir quels enchaînements font mal et hop, la suite garçon. La trame et le lore se perdent au milieu des quêtes
fedex et de farm pur et on skip vite les dialogues, non tant par flemme que parce qu'on est blasé par l'engraissement artificiel d'un scénario pour générer l'illusion du contenu. Les quêtes vertes "explicatives" méritent parfois d'aller se renseigner sur la façon de les finir via des forums, tellement les traductions sont mauvaises et les explications foireuses. C'est lamentable
niveau après niveau.
Conclusion :
J'aimerais pouvoir dire que Bless est en early access et qu'il faut attendre une mouture plus définitive mais à quoi bon ? Ce n'est pas tant un problème de finition qu'un soucis de qualité du jeu. Il est réellement très mauvais sur des points fondamentaux, pas juste terminé à la louche. Six ans après GW2, le système de build est inférieur ; deux et trois ans après respectivement BDO et
Skyforge qu'il tente également de copier, le système de combat est largement moins fun ou intéressant. On se retrouve avec un système de ciblage qui a vingt ans, des boîtes de dialogues antédiluviennes, aucune vraie nouveauté et pourtant même le réchauffé a un arrière goût de moisi tellement tout respire l'à peu près et l'incompétence. Incroyable mais vrai, Bless arrive sur sa troisième refonte à gâcher des concepts pourtant éprouvés par d'autres : le changement de stance de Skyforge était mieux réalisé et plus utile, idem pour les enchaînements sur BDO et je ne parle même pas des builds de GW2 ! Le jeu est moins dynamique que le lent
FFXIV, moins beau que papy
Tera et moins performant en FPS que les pires heures d'
Aion. Passez votre chemin, y a rien à voir.