La Lettre de JeuxOnLine - Juin 2017

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Depuis maintenant quelques années, le financement participatif fait partie intégrante de l’économie de l’industrie du jeu et s’inscrit dans l’écosystème vidéo ludique. Pour autant, on le sait, la méthode est de plus en plus diversement appréciée par les joueurs et l’actualité du jeu en ligne de ce mois de mai 2017 a regroupé peu ou prou toutes les grandes tendances notables en la matière : Ashes of Creation a lancé sa campagne sur KickStarter et enregistre une levée de fonds record malgré moult polémiques ; Conan Exiles suscite l’impatience des joueurs quelques mois après s’être lancé dans le cadre d’un accès anticipé ; et Wild West Online, après s’être dévoilé dans l’optique d’organiser une campagne de financement participatif, y renonce pour préférer s’appuyer sur des financiers plus traditionnels. Trois exemples radicalement différents et sans doute pourtant significatifs de l’état du financement participatif actuellement. En quoi ?

D’aucuns s’interrogent aujourd’hui sur l’avenir des plateformes de financement participatif -- KickStarter en tête. On connait les chiffres : en 2009, lors des premières campagnes de financements de jeux, KickStarter avait permis le financement de neuf projets pour un total de 26 800 dollars quand l’année dernière, plus de 450 jeux ont été financés sur la plateforme, grâce à plus de plus de 17 millions de dollars récoltés. Une progression significative, donc, mais à mettre en perspective avec les 50 millions de dollars levés en 2012 ou les 43 millions récoltés en 2015.
KickStarter serait alors en perte de vitesse ? Peut-être et pour des raisons multiples qu’on ne développera pas ici. Mais le constat n’empêche pas Ashes of Creation d’avoir levé plus de 2,8 millions de dollars en moins d’un mois (à l’heure où ses lignes sont écrites et alors que la campagne doit encore durer quelques dizaines d’heures), quand le studio Intrepid espérait obtenir 750 000 dollars auprès des joueurs. Un résultat loin d’être anodin, a fortiori pour financer un MMO (genre qu’on dit pourtant parfois devenu impopulaire aujourd’hui... mais qui compte manifestement encore quelques adeptes) et porté par une équipe inconnue ou presque il y a encore quelques mois. La campagne a néanmoins été parfaitement menée, après avoir fédéré une communauté de joueurs et présenté des idées à la fois séduisantes et cohérentes. Ça ne garantit évidemment pas l’intérêt final et encore moins le succès du MMO une fois lancé (ni même son lancement), mais l’exemple illustre ce qu’est devenu aujourd’hui KickStarter : un chambre d’écho qui contribue à faire connaitre un projet, assure sa promotion auprès des joueurs et contribue surtout à le crédibiliser auprès des investisseurs traditionnels -- aujourd’hui certains éditeurs conditionnent un (large) soutien financier au succès d’une (modeste) campagne de financement participatif. Et le studio Intrepid ne s’y trompe pas : malgré les 2,8 millions de dollars levés (un record pour un MMO), le développeur estime qu’Ashes of Creation est un projet qui pèsera 30 à 40 millions de dollars.

De l’autre côté du spectre, Wild West Online fait figure de contre-exemple, à tout point de vue. Sorti de nulle part ou presque, le jeu (alors présenté comme un « western MMO ») est dévoilé à l’occasion d’une preview, en liminaire d’une campagne qui doit être lancée quelques jours plus tard sur KickStarter. Le projet suscite rapidement un engouement colossal (manifestement bien au-delà des espérances initiales du développeur), mais est très loin de suivre les préceptes d’une bonne campagne de financement participatif -- le jeu n’a pas encore fédéré de communauté, fait la promotion de ses paliers additionnels (devant donc en principe financer des « bonus ») avant même d’avoir lancée, et donc validée, la campagne qui devait servir à financer les principes de bases du jeu.
Que ça ait été prémédité ou que le développeur ait simplement réalisé ces erreurs à temps, le studio renonçait à lancer sa campagne, assurant avoir obtenu des fonds supplémentaires auprès d’investisseurs traditionnels grâce au seul engouement des joueurs.
De quoi illustrer que le financement participatif n’est pas un incontournable aujourd'hui, même pour le jeu indépendant, et qu'une absence de campagne peut générer les mêmes effets promotionnels qu’une campagne réussie, en termes de visibilité auprès des joueurs. Même si là encore, ça n’augure pas grand-chose quant à l’intérêt final du projet, ni ne garantit son lancement.

Et même lorsqu’un jeu est lancé, en appeler aux contributions (financières) des joueurs peut être à double tranchant. Conan Exiles l’illustre sans doute, au moins partiellement. On se souvient que le jeu était lancé fin janvier dernier, mais dans le cadre d’un accès anticipé -- le jeu est donc non finalisé et les joueurs sont invités à prendre une part active dans le processus de développement. Malgré son caractère inachevé, le jeu est incontestablement un succès commercial puisqu’il est rentabilisé en quelques jours et que le studio Funcom réalise le meilleur trimestre de son histoire. Mais aujourd’hui, quelques mois plus tard, les joueurs se plaignent de mises à jour trop lentes à leur goût et le développeur est contraint de rappeler qu’il reste impossible, pour un développeur, de produire du contenu plus vite qu’il n’est consommé par les joueurs (alors que Funcom a recruté, s’appuie sur deux studios tiers pour externaliser une partie du développement pour gagner du temps et que légalement ses effectifs ne peuvent pas travailler davantage). Et on perçoit la limite du modèle : s’appuyer financièrement sur les joueurs, c’est devoir leur rendre des comptes, avec la pression que ça implique et le temps qu’il faut leur consacrer -- si bien que paradoxalement, certains studios indiquent préférer aujourd’hui s’en remettre à la pression des éditeurs qu’à celle des joueurs.

Si aujourd’hui, le financement participatif est partie intégrante de l’industrie du jeu, le modèle prend néanmoins des formes très diverses, capable de susciter un enthousiasme colossal sur la base de simples idées (les communautés de joueurs de MMO y sont habitués depuis fort longtemps, bien avant le financement participatif), tout autant qu’il implique de hautes responsabilités (mais là aussi, les joueurs de MMO y sont habitués tant les titres lancés inachevés ont toujours été légion en matière de jeux massivement multijoueurs, dès avant la mode des accès anticipés). On retiendra quoi qu’il en soit que les communautés de joueurs restent la pierre angulaire du secteur et c’est peut-être tant mieux.

« En mai, fais ce qu’il te plaît » Ce proverbe est très célèbre et nous ne pouvions manquer de l’employer aujourd’hui ; c’est un bon moyen de masquer l’inspiration qui nous manque.

Peut mieux faire
Sur le papier, le menu était cependant copieux. Prey, The Surge, Injustice 2, Farpoint, RiME, Fire Emblem Echoes, Friday the 13th, Mirage : Arcane Warfare… De jolis noms, pouvant largement prétendre à de la lumière. Seulement voilà, aucun titre n’a véritablement enthousiasmé les foules. Mai était souvent le dernier moment pour sortir un gros AAA avant la trêve estivale. Prey a essayé, mais ses ventes n’ont pas suivi. Injustice 2 s’en est mieux tiré, mais un jeu de baston ne peut espérer autant de succès qu’un jeu d’action-aventure en monde ouvert (coucou Street Fighter. Tu deviens quoi depuis le temps ?).

Bref, un mois calme. Un mois plein de bons jeux sympathiques, que l’on a aimé parcourir sur une terrasse (la chaleur ayant finie par advenir), mais ce mois de mai manquait décidément d’un Zelda, d’un Persona 5 ou d’un Horizon Zero Dawn. En bref, un titre incroyable, qui convainque véritablement tout le monde. En 2014, nous avions Watch Dogs. En 2015, The Witcher 3. En 2016, Overwatch. Qui peut se vanter d’égaler les ventes de ces mastodontes ? Cette année, personne. En bref, ce fut sympa, mais l’industrie peut mieux faire, naméoh.

L’information principale du mois ne venant pas des jeux sortis, c’est donc du côté des bilans financiers qu’il faut orienter son regard. En effet, plus d’un mois après le terme de leur année fiscale, les éditeurs majeurs du jeu vidéo ont fini par présenter leurs résultats au grand public et aux analystes du monde entier. Beaucoup de choses pourraient être dites, mais un éditeur mérite de retenir notre attention : Take-Two Interactive. À cause du report de Red Dead Redemption 2 ? Bof. Cela n’avait rien d’imprévisible ; l’annonce d’une version Switch aurait provoqué un étonnement beaucoup plus important. Non, si Take-Two a tant surpris (au point de gagner 6% en bourse au lendemain du report de Red Dead 3), c’est parce que l’éditeur a présenté un bilan bénéficiaire. Oui, en dépit du fiasco Battleborn, du mouif de Mafia 3 et, surtout, de l’absence de nouveau titre Rockstar, la société a retrouvé le chemin des bénéfices. Décidément, rien ne va plus.

Et sinon, tu fais quoi dans une semaine ?
Néanmoins, cessons là cette litanie peu engageante, car vous ne souhaitez pas regarder en arrière, loin s’en faut. Dans deux petites semaines, l’E3 ouvrira ses portes. Avec lui viendra ce que tout joueur attend avec impatience chaque année : les conférences pré-E3.

Bon, pas celle d’Ubisoft, qui a déjà dévoilé tout son jeu, officiellement ou officieusement. Néanmoins, les autres conférences attisent beaucoup plus la curiosité, en particulier celles des trois constructeurs. Chacun semble avoir de solides cartes en main : Microsoft avec sa nouvelle console, dont le prix (399$) et la date de sortie seront annoncés, Sony avec son line-up incroyable de jeux qui devraient bien finir par sortir un jour (Deep Down, The Last of Us Part II, God of War, Dreams, Gran Turismo Sport, Shenmue 3, Final Fantasy VII Remake, Death Stranding… la PS5 a décidément un beau catalogue d’exclusivités) et Nintendo. Nintendo, qui devait mourir suite à l’échec annoncé de son incompréhensible console hybride, mais qui semble plus fort que jamais. Rien ne va plus, je vous dis.

Tests, tests, tests !
Un, plus un, plus un qui font… Quatorze ? QUATORZE ? Oui, quatorze tests ont été publiés ce mois-ci. Sans gruger. Bon, il y a eu un test de DLC, mais le chiffre demeure impressionnant. Merci au mois d’avril et à ses jeux inoubliables. Au menu :
- VR Invaders par Alandring.
- Zelda : Breath of the wild par Anthodev.
- Blackwood Crossing par Myrhdin.
- Trapper Knight, Sharpshooter Princess par Chantelune.
- Mario Kart 8 Deluxe par Peredur.
- Bayonetta par Anthodev.
- The Surge par Peredur.
- Lego City Undercover par Malison.
- Cities Skyline : Mass Transit par Chantelune.
- Nongünz par Tchey.
- Endless Space 2 par Seiei.
- Disgaea 5 par MuteGone.
- Guilty Gear Xrd Rev 2 par Jeremy Cheveux.

Cela vous intéresse ? De nouveaux jeux sont très régulièrement proposés sur le fil dédié.

• une nouvelle race jouable : le Haut-Elfe
• un travail sur les classes notamment le béornide
• une nouvelle apparence pour les avatars
• un cluster d'instance et un raid (qui arrivera lors d'une prochaine mise à jour)

• Chance Thomas est de retour!
• A la recherche d'une place forte - histoire du Mordor, terre sous le joug du seigneur ténébreux