(Dé)contrat social de Wakfu, ou les bases d'un système politique décontracté
Qui dit « bac à sable » et monde libertaire, dit forcément « autogestion » confiée aux joueurs eux-mêmes. Wakfu intègre donc des mécanismes de gestion politique (plus ou moins) démocratiques.
L'univers de Wakfu se décompose en plusieurs îles et chaque personnage mettant le pied dans un archipel du jeu en devient « citoyen neutre », avant de progresser dans l'échelle sociale et politique de son île au gré de ses actions.
Les joueurs les plus impliqués (ceux ayant un niveau de citoyenneté suffisant) pourront ainsi revendiquer le statut de « gouverneur » de leur île en tentant de se faire élire par les autres joueurs du lieu afin de prendre en main la destinée de leurs concitoyens. Selon l'équipe de développement, le gouverneur accède alors à l'outil de gestion politique du jeu, qui lui permet notamment de proposer des « challenges » aux autres joueurs. Grâce à son interface, il peut par exemple noter que les populations de créatures fluctuent à la hausse ou à la baisse, que certaines ressources sont particulièrement convoitées ou encore que ses administrés sont plus attirés par certaines activités et en délaissent d'autres... Si la démarche semble pertinente au gouverneur, grâce aux « challenges », il pourra inciter à certains comportements ou en décourager d'autres.
Par exemple, cultiver des noisetiers alors que la majorité des joueurs leur préfère la culture du cocotier pourra rapporter de l'or, des objets plus ou moins rares ou un bonus de citoyenneté (plus le niveau de citoyenneté est élevé, plus le personnage peut prétendre à des postes politiques élevés dans la hiérarchie de son île). A l'inverse, chasser des Bouftous alors que la créature est classée parmi les espèces protégées car devenue trop rare sur une île, pourra donner lieu à une amende (un malus quelconque pour chaque Bouftou éliminé) ou à des sanctions d'ordre plus social. Les moins civiques ne pourront plus utiliser les banques de leur île, risquent d'être attaqués par la milice composée de joueurs, voire de devenir hors-la-loi et d'être traqués par tous les citoyens. La mort du malandrin ne sera même pas sanctionnée, au contraire, elle sera récompensée...
Face à ce type de situations pour le moins délicates, le personnage sera sans doute enclin à s'expatrier et se refaire une virginité (politique et judiciaire) sur une autre île. Il y deviendra citoyen neutre et pourra de s'y faire accepter socialement malgré son passé.
Les bons élèves seront récompensés par le gouverneur grâce aux deniers publics, collectés sous forme d'impôts. Reynald François explique par exemple qu'un pain sur 100 réalisés par les boulangers pourra être prélevé par l'Etat sous forme d'impôt. Les pains ainsi prélevés pourront être redistribués sous forme de dotation dans les « challenges » utiles à la collectivité. De même pour tous les objets collectés, fabriqués, etc. Et cette redistribution est importante car la masse monétaire dans Wakfu est fixe. Il n'y a pas de création de monnaie inconsidérée, les devises devront circuler.
Les « quêtes » de Wakfu s'intègrent donc dans les mécanismes politiques et économiques du jeu. On ne chasse plus les Bouftous à la chaîne pour accumuler les points d'expérience. On les chasse ou on les protège pour réguler l'univers et assurer l'équilibre au sein de la collectivité.
La politique ? Magouilles et compagnie !
Evidemment, plus on laisse de liberté aux joueurs, plus on s'expose aux possibilités de dérives. Copinage, corruption, gestion intéressée, voire tyrannie... Il y aura forcément des dérives. Elles sont attendues et mêmes espérées. « Ca veut dire que le système fonctionne ».
Un joueur peu scrupuleux veut devenir calife à la place du calife ? Il peut corrompre les guildes d'artisans influentes et leur promettre monts et merveilles dès qu'il aura été élu. Les deniers publics doivent permettre le financement des « challenges », une erreur est vite arrivée et une partie pourra se retrouver dans les poches du gouverneur étourdi. Un gouverneur peut même prôner l'anarchie, n'organiser aucun « challenge » d'aucune sorte et peu importe que son île prospère ou non. Son île manquera de ressources ? Peu importe, il suffit d'organiser un raid pour piller une île ennemie... à condition que les artisans aient les capacités de fabriquer un arsenal à la hauteur et qu'il puisse convaincre les citoyens de l'île de partir à l'attaque même si les caisses de l'Etat sont vides.
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