35% des salariés de l'industrie du jeu se disent directement ou indirectement touchés par les licenciements
La GDC vient de publier son état des lieux annuels de l'industrie américaine du jeu vidéo : 35% des salariés ont été confrontés à des cas de licenciements et 56% se disent inquiets pour l'avenir, alors que les syndicats gagnent des partisans.
Chaque année en marge de la Game Developers Conference (GDC), les organisateurs du salon américain des professionnels de l’industrie du jeu publient le State of the Game Industry, un état des lieux de l’industrie du jeu vidéo de l'année écoulée, basé sur une vaste consultation des professionnels du secteur. En liminaire de la GDC 2024 qui se tiendra en mars prochain, l’édition 2024 de la consultation vient d’être publiée et s’intéresse notamment aux vagues de licenciements qui touchent le secteur actuellement – sur la base des annonces publiques de licenciements, on estime que plus de 9000 de salariés auraient été licenciés en 2023.
35% des salariés confrontés à des cas de licenciements
Dans ce contexte, la consultation 2024 de la GDC interroge les professionnels du secteur sur leur rapport aux licenciements : 35% indiquent avoir été touchés directement ou indirectement, soit parce qu’ils ont personnellement été licenciés (7%), parce qu’ils ont vu un collègue direct être licencié (17%) ou parce que leur entreprise a licencié (11%).
Il apparait aussi sans surprise que tous les salariés ne sont pas égaux face aux licenciements : les équipes d’assurance qualité (les testeurs) sont touchés prioritairement (22% des testeurs ayant répondu à l’enquête ont été licenciés en 2023), quand à l’inverse les départements financiers et business sont plutôt épargnés (2% des licenciements). La consultation souligne aussi que le contexte n’incite pas à l’optimisme : 56% des interrogés se disent inquiets et anticipent que leur entreprise soit contrainte à des licenciements dans les douze mois à venir, pour seulement un tiers qui ne se sent pas concerné.
Des motivations diverses
Quid des raisons de ces licenciements selon les salariés eux-mêmes ? Ils évoquent « une correction » à la suite de la période d’euphorie du secteur pendant la pandémie, mais aussi le phénomène de concentration de l’industrie du jeu (les rachats de studios conduisent à des doublons de postes et donc à des licenciements), ainsi que l’incertitude économique qui se profile dans les années à venir.
Parallèlement aux vagues de licenciements, l’étude constate aussi un retour au travail en présentiel dans les locaux des studios de développement – et qui induit parfois aussi des démissions contraintes, par exemple quand au cours des dernières années, les studios ont recruté des salariés en télétravail partout dans le monde, et qui aujourd’hui n’ont pas toujours les moyens ou la possibilité de déménager à proximité du studio. Selon la consultation, 26% des interrogés ont dû revenir travailler dans les locaux de leur entreprise – le chiffre monte à 40% dans les groupes AAA, pour seulement 15% dans les studios indépendants. La flexibilité est aussi manifestement davantage tolérée pour les postes créatifs, moins dans les emplois administratifs.
Un intérêt accru pour les syndicats
On l’a noté, cette période d’incertitude dans l’industrie du jeu encourage aussi les salariés du secteur à se syndiquer – un phénomène pas tout à fait anodin aux Etats-Unis où les syndicats sont puissants et très connotés politiquement. Aux termes de la consultation, 57% des interrogés se disent favorables à la syndicalisation des salariés (ils étaient 53% dans l’édition 2023), et 12% y restent hostiles (ils étaient 13% l’année dernière). 5% se disent d’ores et déjà syndiqués. On constate surtout que le rapport aux syndicats est très générationnel : les 18-24 ans y sont favorables à 72%, quand les 65 ans et plus ne sont que 25% à avoir le même sentiment.
Au regard des chiffres et tendances, on imagine qu'à l'avenir, l'industrie du jeu vidéo devra compter de plus en plus souvent avec les syndicats de salariés. Le secteur a longtemps été réputé pour ses « métiers passions », les jeunes salariés seront peut-être davantage enclins à aussi défendre leurs droits.
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