Les interprètes du jeu vidéo votent massivement l'autorisation au recours à la grève
Les doubleurs et cascadeurs de l'industrie du jeu vidéo envisageaient de se joindre au mouvement social des acteurs d'Hollywood. Ils ont voté et valident un possible recours à la grève si les négociations n'aboutissent pas.
Depuis maintenant plusieurs semaines, les scénaristes et interprètes d’Hollywood sont en grève aux Etats-Unis pour améliorer leurs conditions de travail. Après 148 jours de grève, la Writers Guild of America (le syndicat de scénaristes aux Etats-Unis) vient de mettre un terme à la grève alors qu’un accord semble avoir été trouvé avec les studios de production. La grève des acteurs se poursuit néanmoins à l’initiative de la Screen Actors Guild‐American Federation of Television and Radio Artists (la SAG-AFTRA), qui poursuit ses négociations. Dans ce contexte de mouvement social qui perdure, les interprètes de l’industrie du jeu vidéo (notamment les doubleurs et cascadeurs de jeux vidéo qui sont aussi représentés par la SAG-AFTRA) envisageaient de rejoindre le mouvement – on l’évoquait récemment.
Ces interprètes du jeu vidéo ont voté et ils valident le principe du recours à la grève : à ce stade, ils poursuivent le travail, mais donnent mandat à leur syndicat (la SAG-AFTRA donc) pour déclencher une grève si les discussions avec les studios de développement de jeux n’aboutissaient pas. Selon le syndicat, un total de 34 687 de ses membres (soit 27,47% du corps électoral) se sont exprimés et ont voté à 98,32% en faveur d’une autorisation du recours à la grève.
On le sait, les négociations ont vocation à renouveler l’accord conclu en 2017 (qui faisait déjà suite à une grève en 2016) et portent sur trois revendications principales :
- Une revalorisation de la rémunération des interprètes du jeu vidéo prenant en compte l’inflation ;
- Une protection contre l’utilisation abusive de l’intelligence artificielle (notamment dans les cas où la voix d’un doubleur est clonée grâce à l’intelligence artificielle, sans l’accord de l'intéressé), qui prendrait la forme d'un meilleur contrôle et davantage de transparence dans l'utilisation des IA et une rémunération des interprètes qui ont permis d'entrainer les IA en question ;
- Et une meilleure prise en charge médicale des interprètes (notamment la présence d’équipes médicales sur les plateaux de captation).
Les négociations sont menées avec les principaux studios de développement et d’édition de l'industrie : Activision, Blindlight, Disney, Electronic Arts, Epic Games, Formosa Interactive, Insomniac Games, Take-Two Interactive, VoiceWorks Productions et WB Games.
« Il est temps que l'industrie du jeu arrête de jouer »
Avec un certain sens de la formule, Fran Drescher (la présidente de la SAG-AFTRA) estime « qu’il est temps que l’industrie du jeu arrête de jouer et prenne les négociations au sérieux, de sorte de trouver un accord ». Elle poursuit : « le résultat du vote démontre que les interprètes syndiqués comprennent la nature existentielle de ces négociations et que le temps est venu pour les sociétés de l’industrie du jeu vidéo, qui engrangent des milliards et paient grassement leurs dirigeants, de conclure un accord avec les interprètes du jeu vidéo qui puisse leur assurer des carrières viables ». Ray Rodriguez, qui participe aux négociations pour le syndicat indique par ailleurs « qu’entre l'exploitation abusive de l'intelligence artificielle et les salaires insuffisants, ceux qui travaillent dans le jeu vidéo sont confrontées aux mêmes problématiques que ceux qui travaillent dans le cinéma et la télévision ; cette autorisation de grève montre clairement que nous devons parvenir à un accord qui rémunère équitablement ces artistes talentueux, qui prévoit des mesures de sécurité de bon sens et qui leur permette de travailler dans la dignité. Les moyens de subsistance de nos membres en dépendent ».
De son côté, les représentants de l'industrie du jeu vidéo assurent « continuer à négocier de bonne foi pour parvenir à un accord qui reflète les contributions importantes des artistes représentés par la SAG-AFTRA dans les jeux vidéo. Nous avons conclu des accords de principe sur plus de la moitié des propositions et nous sommes optimistes quant à la possibilité de trouver une solution à la table des négociations ».
À cette heure, le travail se poursuit donc, mais si la grève devait être déclarée, la production de jeux pourrait en être altérée, au même titre que les agendas de l’industrie du cinéma et des séries ont été chamboulés ces dernières semaines. À moins que l’industrie du jeu fasse appel à des interprètes non syndiqués... ou à des IA.
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