Grève des artistes aux Etats-Unis : les interprètes de jeux vidéo pourraient rejoindre le mouvement
Les artistes-interprètes de films et séries sont en grève aux Etats-Unis et ils pourraient être rejoints par ceux de l'industrie du jeu vidéo, qui affichent les mêmes préoccupations salariales. La SAG-AFTRA lance une consultation.
En mai dernier, les scénaristes d’Hollywood de la Writers Guild of America (WGA) se mettaient en grève pour protester contre les conditions salariales en vigueur dans le secteur et mi-juillet, ils étaient rejoint par les 160 000 acteurs et figurants représentés par la Screen Actors Guild‐American Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA). Aujourd’hui, il s’avère néanmoins que l’industrie du cinéma et de la télévision n’est plus la seule à faire appel à des scénaristes et des interprètes : l’industrie du jeu vidéo aussi a besoin d’acteurs dont les conditions salariales ne sont manifestement pas plus enviables que celles de leurs homologues à Hollywood – Fran Drescher, la présidente de la SAG-AFTRA, dénonce notamment « l’avidité et le manque de respect » de l’industrie du jeu vidéo à l'égard des interprètes.
En conséquence, la SAG-AFTRA vient d’initier une consultation auprès de ses adhérents visant à déterminer si les acteurs et figurants de l’industrie du jeu doivent à leur tour voter la grève et cesser le travail auprès des développeurs de jeux vidéo. Les accords négociés entre la SAG-AFTRA et les principaux éditeurs de jeux, d’Activision à Electronic Arts, arrivent à terme en novembre prochain (après avoir été prolongé d'un an en novembre 2022) et doivent être renégociés à partir de ce 26 septembre. Les acteurs et figurants de jeux vidéo sont donc invités à prononcer sur la possibilité d'une grève d'ici au 25 septembre prochain. D'ici là, le syndicat annonce l'organisation de réunions d'information pour les intéressés.
Revendications salariales et crainte de l'IA
Et comme pour leurs homologues à Hollywood, les acteurs et figurants de l’industrie du jeu réclament des revalorisations salariales (un rattrapage de 11% pour les années précédentes, suivi d'une augmentation de 4% par an pour les deux ans à venir), mais aussi des garanties contre l’usage de l’intelligence artificielle qu’on sait susceptible de remplacer les doubleurs et les interprètes dans les jeux. En outre, les comédiens de l’industrie du jeu réclament aussi les mêmes protections que celles du milieu de la télévision et du cinéma : la présence d’équipes médicales sur les plateaux d’enregistrement (pour prévenir les blessures lors des captations en motion capture notamment) ou l’interdiction des cascades lors des auditions filmées.
De son côté, Audrey Cooling, la porte-parole de l’industrie du jeu vidéo, indique espérer parvenir à un accord. Selon Variety qui rapporte ses propos, elle estime que « tous veulent un contrat équitable qui reflète les contributions importantes des artistes-interprètes représentés par SAG-AFTRA dans une industrie qui offre un divertissement d’envergure mondiale à des milliards de joueurs dans le monde ». Et de poursuivre : « Nous négocions de bonne foi et espérons parvenir à un accord mutuellement bénéfique dès que possible ». Fran Drescher est moins optimiste et évoque des « discussions dans une impasse ».
L’enjeu est néanmoins loin d’être anodin. Si la grève des scénaristes et des acteurs d’Hollywood est évidemment la plus visible (notamment grâce aux prises de positions de stars du cinéma qui bénéficient d’une notoriété mondiale), on oublie parfois que l’industrie du jeu vidéo pesait 160 milliards de dollars en 2020 – contre « seulement » 41 milliards pour celle du cinéma à la même époque. Manifestement, les artistes interprètes du jeu vidéo aimeraient aussi avoir leur part du gâteau.
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