L'ESRB étudie l'opportunité d'utiliser la reconnaissance faciale pour déterminer l'âge des joueurs
Pour s'assurer que ce sont bien les parents américains qui gèrent le contrôle parental d'un jeu, l'ESRB envisage de déployer un outil de reconnaissance faciale qui déterminerait l'âge des utilisateurs. La FTC consulte les joueurs.
Aux Etats-Unis, l’ESRB est l’équivalent du système PEGI européen et assure la classification des jeux vidéo en fonction de leur contenu, afin de déterminer à quel public de joueurs ils sont destinés – c’est notamment l’ESRB qui détermine les catégories d’âge de chaque jeu, pour mieux informer les parents et leur indiquer si un titre est ou non « déconseillé » aux jeunes joueurs. Les pictogrammes d’âge de l’ESRB sont donc une information, affichée sur les boîtes de jeu, les sites web des jeux, voire associés aux systèmes de contrôles parentaux notamment sur consoles. Pour s'assurer de réellement communiquer l'information aux parents et vérifier que ce sont bien les parents qui gèrent le contrôle parental, l'ESRB envisage néanmoins de proposer une nouvelle méthode de « vérification du consentement parental », cette fois basé sur la reconnaissance faciale.
Concrètement, l’ESRB étudie l’opportunité d’intégrer un système qui permettrait à un parent de prendre un selfie ayant vocation à être analysé par une IA qui évaluerait l’âge de l’individu au regard des traits de son visage. Un adulte obtiendrait les accès nécessaires (par exemple pour gérer le contrôle parental d’une console), alors que l’accès serait refusé à un mineur.
Selon l’ESRB, le mécanisme (basé sur les technologies dédiées des studios Yoti, mais aussi SuperAwesome qui appartient à Epic Games) serait en mesure de vérifier qu’il s’agit bien du selfie d’un individu réel (et non la photo d’une photo, par exemple), avant de procéder à une évaluation de l’âge de l’individu.
Un mécanisme soumis à la FTC
Le mécanisme est encore loin d’être en place. L’ESRB a déposé un dossier auprès de la FTC (le gendarme américain défendant le droit des consommateurs outre-Atlantique) qui doit évaluer si un tel mécanisme pourrait légitimement être déployé, notamment au regard du risque de violations de la vie privée. À ce titre, le dossier de l’ESRB se veut « rassurant » : le selfie serait analysé en quelques secondes puis détruit une fois traité, et selon les tests réalisés par Yoti et SuperAwesome, les erreurs d’évaluation sont minoritaires – l’ESRB concède un taux d’erreur de 0,15% pour les selfies féminins et 0,7% pour les selfies masculins d’individus âgés entre 25 et 35 ans (considérés à tort comme étant âgés de moins de 25 ans) et un taux d’erreur de 0,08% à 0,28% en fonction de la couleur de peau (les outils de reconnaissance faciale sont notoirement moins efficaces pour les individus à la peau sombre).
Manifestement, le sujet plonge la FTC dans l’expectative qui organise donc une consultation des (joueurs) américains afin de recueillir l’avis des principaux concernés – qui peuvent partager leur ressenti jusqu’au 21 août prochain. Et on comprend que le sujet puisse susciter des interrogations : le mécanisme pourrait contribuer à mieux contrôler l’accès aux jeux vidéo qui ne s’adressent pas à tous les publics, mais il pose aussi de vraies questions quant au respect de la vie privée (au-delà des promesses et déclarations d’intention, tout le monde ne souhaite pas forcément partager une photo de son visage avec un tiers, sans garantie sur l’usage qui pourrait être fait de la photo).
Pour mémoire, en Chine et dès 2018, Tencent avait initié des tests de reconnaissance faciale des joueurs afin de lutter contre le jeu excessif et le dispositif avait été déployé en 2021. De son côté, l’ESRB assure que si le système devait être mis en place, il resterait optionnel et ne serait qu’une option de plus mise à la disposition des parents, parmi d’autres.
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