Blizzard entend breveter un système de génération d'images via l'IA

Si l’intelligence artificielle est d’ores et déjà très présente dans nos vies, la démocratisation des systèmes « intelligents » soulève aujourd’hui de nombreuses questions – les uns y voient un progrès technologique comme on a déjà connu de nombreux, de nature à faciliter certains de nos usages quotidiens ; les autres une menace pour de nombreux métiers susceptibles d’être remplacés à court ou moyen terme. L’avenir tranchera, mais d’ores et déjà, l’industrie du jeu s’approprie les outils d’intelligence artificielle, tantôt pour faciliter la production de code informatique, tantôt pour écrire des dialogues de PNJ, voire parfois aussi pour générer des visuels. C’est manifestement le cas des équipes du studio Blizzard, qui entend manifestement déposer un brevet sur l’un de ses outils de génération d’images.

À la lecture du long document détaillant la technologie que Blizzard souhaite breveter, on comprend que les équipes du développeur utilisent des systèmes de machine learning pour entrainer une IA à générer des images à partir d’autres images – de façon très simplifiée, une première image pose un modèle, une seconde définit une texture et l’IA en génère une troisième inspirée du modèle sur lequel la texture est appliquée. Le brevet vise manifestement à protéger des améliorations apportées à une technologie dont les bases ont déjà été brevetées par Blizzard en 2021.

L'efficacité au détriment des artistes ?

On comprend aisément l’intérêt de telles technologies pour les équipes de Blizzard : l’IA permet de générer automatiquement de multiples « variations d’images sur un même thème », ce qui évite de cloner des textures identiques partout dans un univers de jeu – le studio illustre notamment diverses représentations de murs en pierres dont on imagine qu’ils sont susceptibles d’habiller les bâtiments des univers du développeur. L’IA permet d’ajouter de la variété à bon compte et contribue donc à l’immersion des joueurs.

Les IA générant des images suscitent néanmoins actuellement des inquiétudes chez les artistes : elles produisent des images qui étaient jusqu’alors réalisées à la main et présentent donc le risque de remplacer progressivement les créateurs – quand bien même les IA ne « travaillent » pas seules, puisqu’elles génèrent des images sur la base des directives des créateurs (qui ne sont néanmoins pas toujours les artistes). Sans doute plus problématique, ces IA « apprennent » en analysant des images déjà existantes, le plus souvent sans concertation, ni accord des artistes. Dans le cas présent, l’IA de Blizzard génère des images encore très génériques et travaille manifestement sur un matériau de base réalisé par les artistes du studio, mais au fil des années, l’outil pourrait avoir vocation à devenir de plus en plus  puissant et de plus en plus autonome – et la place que les artistes occuperont à l'avenir peut soulever quelques interrogations.