Des actionnaires d'Activision Blizzard réclament la démission de Bobby Kotick - MàJ
Bobby Kotick, le patron d'Activision Blizzard, a toujours nié être informé des comportements déplacés de certains salariés de son groupe. Une enquête du Wall Street Journal tend à démontrer l'inverse et un groupe d'actionnaires réclament sa démission.
Depuis juillet dernier, Activision Blizzard fait face à des accusations de discriminations et de harcèlements sexuels actuellement examinées par les tribunaux californiens, et ayant conduit l’éditeur de jeu vidéo à multiplier les mesures visant à « redorer son image ». Le groupe a remercié plusieurs de ses cadres (à commencer par le président de Blizzard Entertainment, J Allen Brack) et promet maintenant une politique de tolérance zéro à l’égard des comportements déplacés.
Jusqu’à présent, Bobby Kotick, le patron d’Activision Blizzard, a réussi à passer entre les gouttes, notamment en affirmant ignorer les pratiques déplacées de certains de ses salariés. C’était du moins le cas jusqu’à la publication d’une longue enquête dans le Wall Street Journal qui conteste les affirmations de Bobby Kotick et qui conduit un groupe d’actionnaire d’Activision Blizzard à réclamer la démission du patron.
Si l’on en croit le Wall Street Journal, non seulement Bobby Kotick était informé de ce qui passait au sein de son entreprise et des accusations qui étaient portées contre certains de ses salariés, mais il aurait aussi couvert les agissements déplacés de certains d’entre eux.
Le journal américain rapporte par exemple le cas de Javier Panameno (un superviseur chez Sledgehammer Games, qui signe par exemple Call of Duty: Vanguard pour Activision), accusé de viol et de harcèlement sexuel, signalé au département des ressources humaines du studio, sans que l’affaire face l’objet d’enquête ou de mesure disciplinaire – il faudra l’intervention d’un avocat de la plaignante pour qu’une transaction soit conclue et l’affaire étouffée (les actionnaires n’en ont pas été informée). Autre exemple : Dan Bunting, codirigeant de Treyarch, a également été accusé de harcèlement, une enquête a été diligentée et s’est conclue par une recommandation de licenciement de l’intéressé. Bobby Kotick serait intervenu pour bloquer ce licenciement et le commuer en « mesures disciplinaires » (des conseils sur le comportement à adopter avec les autres employés).
Il apparait ainsi au terme de l’enquête que les mesures prises par le groupe l’auraient été davantage pour protéger une image menacée que pour protéger les salariés ou instaurer un climat de travail serein.
L’enquête du Wall Street Journal révèle aussi les conditions du départ récent de Jen O'neal, recrutée aux côtés de Mike Ybarra pour succéder à J Allen Brack à la tête de Blizzard. Jen O'Neal aurait démissionné à cause de l’ambiance délétère qui règne au sein du groupe et parce qu’elle se sentait elle-même dans l’incapacité de faire évoluer cette culture d’entreprise. Alors même que son recrutement avait manifestement vocation à souligner l’égalité de traitement homme / femme au sein du groupe, sa rémunération était en fait inférieure à celle de son homologue Mike Ybarra – on lui aurait proposé un réajustement alors qu’elle présentait sa démission.
Autant de révélations qui écornent l’image de Bobby Kotick et obère sa réelle volonté de faire évoluer les pratiques en vigueur au sein de son groupe – au point de pousser certains des salariés du groupe à se mettre en grève.
Des révélations qui inquiètent aussi les actionnaires du groupe d’investissements Strategic Organising Center (SOC), qui réclament donc la démission du patron d’Activision Blizzard, mais aussi de Brian Kelly et Robert Morgado, deux des plus anciens membres du conseils d’Activision Blizzard et soutiens fidèles de Bobby Kotick. Dans une lettre ouverte publiée par le Washington Post, le SOC souligne que le trio a échoué à faire en sorte que « les cadres dirigeants responsables [de la culture d’entreprise du groupe] soient licenciés et à traiter la nature systématique d’une culture d’entreprise hostile ». Et de préciser que si le trio ne démissionne pas, le SOC votera contre leur reconduction lors de la prochaine assemblée d’actionnaires en juin prochain et mobilisera les autres actionnaires pour faire de même.
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Mise à jour (19 novembre) : manifestement, les actionnaires de Strategic Organising Center ne sont pas les seuls à être perturbés par les révélations du Wall Street Journal. Des salariés d'Activision Blizzard ont initié une pétition réclamant la démission de Bobby Kotick, tout en invitant les joueurs à la signer également. À cette heure, elle compte plus de 11 200 signatures et le chiffre augmente régulièrement (à titre indicatif, le groupe Activision Blizzard compte environ 10 000 salariés).
Parallèlement, plusieurs dirigeants de grands groupes de l'industrie du jeu, comme Phil Spencer (Microsoft) ou Jim Ryan (président de Sony Interactive Entertainment) se disent aussi « abasourdis » ou « profondément troublés » par les faits que rapporte le Wall Street Journal, et se montrent manifestement inquiets des effets délétères de l'affaire sur l'image que renvoie l'industrie du jeu dans son ensemble.
Dans les colonnes de Bloomberg, Phil Spencer considère que « ce type de comportement n'a pas sa place dans [son] industrie » et il y confirme également avoir envoyé un email à ses équipes indiquant qu'il « évalue actuellement tous les aspects de la relation [du groupe Xbox] » avec Activision Blizzard (pour mémoire, les consoles de Microsoft sont évidemment des plateformes d'importance pour la licence Call of Duty, par exemple).
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