Des comptes à la hausse mais des jeux repoussés pour Blizzard

Chaque trimestre, le groupe Activision Blizzard et sa filiale Blizzard Entertainment publient leurs comptes et ceux de ce troisième trimestre 2021 étaient particulièrement attendus, notamment pour évaluer si les déboires judiciaires du groupe (et les menaces de boycottes de la part de certains joueurs) ont des conséquences concrètes sur ses résultats financiers.

Sur un plan strictement comptable, la réponse est manifestement négative – elle se révèle néanmoins moins tranchée sur un plan financier et managérial.

Des comptes à la hausse

Pour ce trimestre clos fin septembre, Activision Blizzard revendique un chiffre d’affaires en hausse de 2,07 milliards de dollars contre 1,95 milliards un an plus tôt, pour un résultat net de 1,88 milliard de dollars (1,77 milliard au même trimestre en 2020).

Même orientation à la hausse pour la filiale Blizzard Entertainment, qui enregistre un chiffre d’affaires de 493 millions de dollars, en croissance de 20% d’une année sur l’autre grâce aux ventes de Diablo II: Resurrected. Et dans une formulation un brin alambiquée, le studio indique le nombre d’abonnements à World of Warcraft (la principale licence du studio) est plus élevé que le niveau moyen d’abonnements suite au lancement d’une extension moderne – on sait que le lancement d’une extension tire le nombre d’abonnements vers le haut, mais l’affirmation doit être pondérée par le fait que la version moderne du MMORPG et WOW Classic partagent le même abonnement. En d’autres termes, WoW et WOW Classic drainent davantage de joueurs que la version moderne de World of Warcraft seule, même lorsqu’une extension vient d’être lancée.

Quant au nombre de joueurs actifs mensuels, Blizzard en revendique 26 millions (incluant les abonnés de World of Warcraft, mais aussi les joueurs d’Overwatch ou les joueurs free-to-play d’HearthStone), en ligne avec les chiffres du trimestre précédent.

Mais des inquiétudes pour l'avenir

Mais si le groupe enregistre des résultats comptables en hausse, les prévisions d’Activision Blizzard déçoivent les investisseurs.

D’abord, Blizzard annonce vouloir se donner davantage de temps pour peaufiner Overwatch 2 et Diablo IV : le studio ne communique pas de date de sortie mais précise que « si Blizzard prévoit le lancement d’un volume de contenu substantiel pour l’année prochaine », le studio « table maintenant sur un lancement ultérieur pour Overwatch 2 et Diablo IV au regard du planning initialement envisagé ». En d’autres termes, les deux jeux pourraient n’être lancés qu’en 2023. Malgré les affirmations récentes du studio, ce n’est sans doute pas une surprise : manifestement, les deux jeux ont été mis sur le devant de la scène pour occuper l’espace médiatique alors que les équipes annonçaient en interne que davantage de temps de développement était nécessaire. Mais du point de vue des investisseurs, ce sont des sources de revenus en moins pour l’exercice 2022.

Ensuite, le groupe Activision Blizzard indique faire face à un turn over important (le studio souffre de nombreux départs dans ses effectifs, à commencer par la co-présidente de Blizzard, Jen O’Neal) et le groupe peine à recruter – la concurrence est plus rude avec d'autres studios offrant de meilleures conditions, le studio s’astreint à davantage de contrôle au sein de ses effectifs, alors que Blizzard n’a manifestement plus l’aura qu’il avait il y a encore quelques années et la mise en cause de son environnement de travail par la justice californienne n'arrange évidemment rien à l'affaire. Là encore, ce sont des considérations qui obèrent les capacités de développement du studio pour l’avenir.

Enfin, les prévisions d’Activision Blizzard pour la fin d’année sont en-deçà des attentes des investisseurs (le groupe table sur un résultat de 2,78 milliards de dollars, là où les investisseurs en espéraient 2,93 milliards). Autant d’éléments qui ont conduit à une baisse du cours de l’action du groupe dans la foulée de l’annonce de ces résultats trimestriels.