La Chine interdit le streaming aux mineurs de moins de 16 ans
Les plateformes vidéos de streaming sont dans le collimateur de la CAC, l’administration chinoise en charge du cyberespace : dorénavant, les mineurs de moins de 16 ans ne pourront plus streamer et les plateformes doivent « nettoyer » leurs contenus.
On le sait, les autorités chinoises nourrissent des craintes pour « la santé mentale et physique » des jeunes chinois qui consacreraient trop de temps aux « écrans » – aux jeux vidéo et jeux en ligne, mais aussi aux réseaux sociaux.
La CAC, l’administration chinoise en charge du cyberespace dont la mission consiste à « nettoyer l’Internet chinois », vient ainsi de publier une note identifiant une série de « dangers » que représenteraient les nouvelles technologies pour les mineurs en Chine.
Dans le lot, la CAC cible notamment le streaming live et les plateformes de courtes vidéos comme TikTok, et interdit dorénavant à tout mineur de moins de 16 ans de se mettre en scène dans des vidéos diffusées en ligne – et les plateformes qui n’appliqueraient pas la mesure s’exposent à des sanctions financières, voire à des interdictions de diffusion.
Plus globalement, la CAC incite les principales plateformes (Kuaishou, Tencent QQ, Taobao ou Sina Weibo) à « nettoyer » leur contenu de toutes vidéos « vulgaires » ou de « pornographie soft » mettant en scène de jeunes utilisateurs pour aguicher le chaland. Elle vise aussi les vidéos valorisant des « comportements d’enfants star du net », incitant aux « plaisirs extravagants, à l’adoration de l’argent et aux signes extérieurs de richesse » susceptibles de pervertir la jeunesse chinoise. Idem pour les appels aux dons (par exemple lorsqu’un streamer incite ses spectateurs à lui adresser des dons) ou les encouragements à participer à des collectes de fonds et campagnes de financement participatif, ou encore à voter pour grimper dans des classements en ligne.
Le streaming de jeux vidéo par des mineurs de moins de 16 ans est également interdit par la CAC (on sait la Chine très circonspecte à l’égard des jeux vidéo, qui « pervertissent la jeunesse »). Sont visées également les vidéos dans lesquels des personnages porteraient des tenues vestimentaires trop minimalistes, évoquant des « intrigues érotiques et vulgaires », des « scènes d’horreurs sanglantes » ou « tout comportement dangereux que les mineurs pourraient chercher à imiter ».
La CAC entend aussi lutter contre le cyber-harcèlement parfois pratiqué sur ces plateformes : les vidéos incitant les jeunes au suicide, incluant de la violence verbale ou la stigmatisation d’individus ou groupes d’individus sont aussi à proscrire. Plus largement, les plateformes ont aussi une obligation de contrôle des interactions entre les streamers et leurs spectateurs (notamment via les chats).
Comme souvent, certaines de mesures sont aisément compréhensibles, d’autres paraissent un brin brutales, mais on retiendra surtout que la mesure intervient dans un climat de pression des autorités chinoises contre les géants locaux du numériques – de plus en plus puissants partout dans le monde, alors que les autorités chinoises n’entendent pas se laisser déborder.
Les autorités chinoises ont ainsi récemment bloqué la fusion de Huya et Douyu, deux géants chinois du streaming passés sous le contrôle de Tencent, ou encore infligé une amende record à Alibaba (18,2 milliards de yuans) pour ses pratiques jugées anticoncurrentielles, et alors que les géants du numériques peuvent maintenant être soumis à des « contrôles de cyber-sécurité » par les autorités locales (notamment lorsqu’ils ont des velléités de lever des capitaux hors de Chine).
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