Ubisoft renouvelle son premier cercle, afin de faire évoluer sa « culture d'entreprise »
Suite à des accusations d'agressions et harcèlement sexuels chez Ubisoft, plusieurs cadres du groupe démissionnent. Le PDG Yves Guillemot entend en profiter pour changer profondément la culture d’entreprise (toxique) d’Ubisoft.
Fin juin dernier, plusieurs témoignages d’anciennes ou actuelles salariées d'Ubisoft faisaient état d’accusations de harcèlements et d’agressions sexuels en sein des bureaux du développeur, notamment au Canada et à Montreuil. Dans la foulée, Libération publiait deux enquêtes successives (une première début juillet, la seconde ce weekend) sur les pratiques en vigueur chez le développeur breton. Cette double enquête fait notamment état d’une « culture d’entreprise » où le harcèlement sexuel serait pratiqué par certains des responsables du studio (« les jeux vidéo c’est fun, on peut tout faire, rien n’est grave »), mais aussi toléré voire protégé par le service des relations humaines du groupe – selon l’enquête de Libération, les salariés signalant des comportements déplacés au sein de l’entreprise au service RH était invités à faire avec ou à quitter le studio.
Manifestement au regard de la médiatisation de l’affaire, Ubisoft annonce « aujourd’hui des changements importants au niveau de sa direction ». Par voie de communiqué, le développeur annonce ainsi « la démission avec effet immédiat » de Serge Hascoët, jusqu’alors directeur créatif d’Ubisoft (l’intérim est assuré par Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, en attendant de lui trouver un successeur), et que « Yannis Mallat, dirigeant des studios canadiens d’Ubisoft, quitte ses fonctions et [Ubisoft] avec effet immédiat ». Et de préciser : « les récentes allégations apparues au Canada à l’encontre de nombreux salariés ne lui permettent pas de continuer à assurer ses responsabilités ».
Yves Guillemot précise qu’il « supervisera personnellement une refonte complète du mode de collaboration des équipes créatives ».
Parallèlement, Cécile Cornet, responsable monde des ressources humaines chez Ubisoft, « a également décidé de démissionner de ce poste ». Le studio en profitera pour « restructurer et renforcer la fonction RH afin de l'adapter aux nouveaux défis qui se posent à l’industrie des jeux vidéo ». Comprendre : mettre en place un environnement de travail moins toxique et plus sûr, notamment pour ses salariées.
Toujours par voie de communiqué, Yves Guillemot se dit « plus que jamais déterminé à mettre en œuvre des changements profonds afin d’améliorer et renforcer [la] culture d’entreprise d’Ubisoft ». Selon Erwan Cario, l’un des auteurs des enquêtes de Libération, si Yves Guillemot a sans doute contribué au phénomène de « starification » de certains responsables du studio, leur donnant le sentiment de pouvoir tout se permettre ou presque, les témoignages auraient « fait l'effet d'un électrochoc » sur le PDG du groupe, et aujourd'hui, il souhaiterait « être au courant de tout ce qui se passe et qu'on lui remonte toutes les informations ». On évaluera dans les semaines et mois à venir les conséquences de ce « changement de culture d’entreprise ».
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