Le parlement britannique recommande l'interdiction de la vente de loot boxes aux mineurs
Après des mois d'auditions, la commission du parlement britannique en charge du numérique, de la culture, des média et du sport publie un rapport à charge contre les modèles économiques de l'industrie du jeu, jugée peu responsable et peu encline à protéger les publics vulnérables.
Depuis maintenant plusieurs mois, les autorités de régulation de nombreux pays occidentaux s’interrogent sur le régime juridique applicable aux loot boxes, ces boîtes de butin au contenu aléatoire vendues dans nombre de jeux, notamment en ligne – si l’industrie du jeu y voit souvent un modèle économique comme un autre (reposant sur une mécanique de « surprise » attractive pour le joueur), d’autres les assimilent tantôt à des jeux d’argent, tantôt à des pratiques pouvant inciter les publics sensibles à investir dans les jeux d’argent.
Depuis quelques mois au sein du parlement britannique, la commission en charge du numérique, de la culture, des média et du sport (la DCMS) s’est attelée à mieux cerner le fonctionnement et l’utilisation des loot boxes dans les jeux vidéo, et ses membres viennent de rendre un rapport riche de 84 pages d’analyse – et la publication était attendue dans la mesure où elle émane ici du législateur britannique (et non pas d’une autorité de régulation dont le pouvoir est souvent seulement consultatif).
Et aux termes du rapport, la commission recommande notamment d’interdire les loot boxes dans les jeux destinés aux joueurs mineurs, mais aussi de mener des études approfondies sur les effets des jeux sur le long terme, ou encore de responsabiliser davantage l’industrie du jeu en terme de protection des publics sensibles (notamment quant aux vérifications d'âge).
Plus concrètement, la commission souligne un « manque d’honnêteté et de transparence » de la part de l’industrie du jeu et recommande donc au gouvernement britannique d’interdire la vente de loot boxes aux mineurs – ou à défaut d’expliquer publiquement pourquoi les loot boxes échappent à la législation sur les jeux d’argent.
La commission souligne également que l’industrie du jeu collecte de très nombreuses données sur les joueurs et leurs comportements (pour optimiser ses modèles économiques) mais ne les utilise pas pour protéger les publics fragiles, que ce soit pour identifier les joueurs mineurs qui jouent à des jeux qui ne leur sont pas destinés ou pour avertir un joueur qu’il dépense trop – certains studios disent le faire parfois, mais ignore quel seuil fixer et la remarque est parfois perçue comme une intrusion. Plus largement, la commission juge l’industrie du jeu vidéo « très en retard » en la matière, par rapport à l’industrie des jeux d’argent qui applique déjà des mesures de contrôle bien plus strictes.
Selon le président de la commission Damian Collins, « l’industrie du jeu génère des milliards de dollars de chiffre d’affaires, et il est inacceptable que certaines entreprises comptant des millions d'utilisateurs, dont des enfants, soient si mal équipées pour évaluer les dangers potentiels de leurs produits ». Si la commission reconnait explicitement que les problèmes que suscite le jeu vidéo ne touchent qu’une infime minorité d’utilisateurs, elle recommande néanmoins aussi le financement d’études (via une taxe sur l’industrie du jeu), menées par des chercheurs indépendants, le cas échéant en exploitant les données des éditeurs, visant à déterminer les bonnes pratiques que l’industrie du jeu pourrait mettre en oeuvre pour assurer un environnement plus sûr pour l’ensemble des joueurs.
Si le rapport de la commission britannique ne compile pour l’instant que des recommandations, on sera néanmoins curieux de découvrir si (et lesquelles ?) ces dispositions seront transposées sous forme de lois ayant vocation à s’imposer à l’industrie du jeu. D’ici là, on retiendra que les offensives contre les loot boxes se font de plus en plus précises – au point que plusieurs studios s’en détournent déjà, avant même l’adoption de la moindre législation.
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