Quelle responsabilité des youtubers dans la promotion des loot boxes ?
La FTC poursuit ses auditions sur les loot boxes dans l'industrie du jeu et s'interroge sur le rôle de streamers dans leur promotion. Selon Omeed Dariani, spécialiste de la monétisation des streams, l'ouverture de loot boxes en direct est populaire et l'industrie gagnerait à le reconnaître plus ouvertement.
On l’évoquait, la FTC (la Federal Trade Commission, en charge de définir les bonnes pratiques commerciales aux Etats-Unis) organise actuellement une série d’auditions publiques sur le (bon ?) usage des loot boxes dans l’industrie du jeu. Dans le cadre de ces auditions, la FTC reçoit évidemment des exploitants de jeux vidéo, mais vient aussi d’auditionner Omeed Dariani, le patron du studio Online Performers Group – le groupe joue un rôle d’agent pour le compte de livestreamers pour les aider à monétiser leur audience.
Les membres de la FTC souhaitaient notamment savoir si les studios de développement étaient enclins à rémunérer des livestreamers pour qu’ils ouvrent des loot boxes dans le cadre de leurs émissions et le cas échéant, si les probabilités d’obtention de certains objets pouvaient être modifiées spécialement pour un stream (en d’autres termes, si des loot boxes sont conçues spécifiquement pour être très généreuses lors d’un stream, alors qu’elles le sont beaucoup moins dans la réalité quand un joueur fait un achat). Et Omeed Dariani répond très ouvertement.
Selon son expérience personnelle (qui ne fait pas une généralité), « les éditeurs rémunèrent effectivement ce genre de choses » : « s’il n’est pas fréquent de financer des streams reposant uniquement sur l’ouverture de séries de loot boxes », Omeed Dariani indique l’avoir « effectivement déjà constaté ». Il précise également, « une fois », avoir été « en présence d’un éditeur disant "nous pourrions proposer de meilleures chances [d’obtenir de bons objets] sur les packs que [le streamer] ouvre, dans une optique promotionnelle ».
On retient surtout que selon Omeed Dariani, ouvrir des loot boxes est un « passe-temps très populaire » chez les streamers, parce que les spectateurs apprécient l’exercice.
« Les créateurs ouvre très souvent des loot boxes, parce que le public aime réellement ça. C’est excitant, n’est-ce pas ? Vous ne savez pas ce qui va sortir de la boîte. Vous ne savez pas si vous allez obtenir un objet rare et vous n’avez pas forcément des milliers de dollars à dépenser pour acheter vos propres coffres de butin, donc vous pouvez regarder quelqu’un d’autre le faire et en quelque sorte, vous pouvez le vivre par procuration ».
En d’autres termes, les youtubers contribuent à la promotion des loot boxes auprès de leur public.
Est-ce répréhensible, a fortiori quand le youtuber ne précise pas que le stream est rémunéré par l’éditeur ? Chacun jugera, mais Omeed Dariani souligne notamment qu’actuellement, les plateformes de streaming ne sont pas (ou peu) adaptées pour signaler les contenus sponsorisés aux spectateurs, obligeant les créateurs de contenu à préciser plusieurs fois en cours de diffusion que le stream est financé par un tiers (une annonce en début de diffusion ne suffit pas forcément).
Omeed Dariani le regrette d’autant plus que, selon lui, tous les acteurs du secteur en profiteraient : selon le patron du studio Online Performers Group, les streamers « ne sont pas honteux d’admettre qu’ils sont payés pour ces choses. En fait, dans la plupart des cas, ça leur est bénéfique [de pouvoir le dire à leur public] : "regardez, tel éditeur reconnait que mon contenu a une valeur, ils me paient, ils soutiennent ma chaine grâce au travail que nous avons fourni et à la communauté que nous avons fédéré ensemble". Ces grandes sociétés s’impliquent maintenant, et pour de nombreuses personnes, c’est une forme de validation, le symbole d’une croissance et une forme de reconnaissance ».
Evidemment, Omeed Dariani prêche sans doute un peu pour sa paroisse (son entreprise est spécialisée dans la monétisation de ces contenus et une meilleure acceptation de ces pratiques par le public serait un facteur de croissance du secteur), et sans doute que la culture américaine se prête davantage ce type de valorisation du succès économique. Pour autant et au-delà de ces considérations, la démarche pourrait aussi permettre une meilleure information des spectateurs de livestreams, et ce serait sans doute bienvenue également.
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