Harcèlement, propos haineux ou contenu sexuel, Twitch fait évoluer ses conditions d'utilisation
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Alors que Twitch voit son audience augmenter, la plateforme vidéo fait évoluer ses conditions d'utilisation pour lutter contre les comportements toxiques. Les streamers ont jusqu'au 19 février pour se mettre en conformité.
Récemment, Twitch publiait quelques-uns de ses (gros) chiffres de fréquentation pour l'année 2017 et la plateforme de diffusion vidéo revendique ainsi plus 15 millions de spectateurs quotidiens, qui visionnent les programmes de plus deux millions de streamers actifs par mois (pour plus de 150 000 streamers affiliés qui monétisent leur audience).
Fort de cette audience, Twitch tient aujourd'hui une place (communautaire et économique) de plus en plus prépondérante au sein de l'industrie du jeu, mais la plateforme se heurte aussi aux comportements parfois « toxiques » de certains streamers et spectateurs et en tant que média de plus en plus grand public, la plateforme entend manifestement assainir et pacifier les échanges qu'elle héberge -- rappelant que si la plupart des streamers exercent dans l'intimité de leur domicile, les propos qu'ils tiennent sont « publics » et doivent être assimilés à des « discussions qu'on pourrait avoir dans la rue, dans un magasin ou au restaurant ».
Raison pour laquelle, manifestement, Twitch fait évoluer ses « bonnes pratiques communautaires » (ses conditions d'utilisation), notamment autour de deux grandes thématiques : d'abord le harcèlement et les contenus haineux et ensuite les contenus sexuels.
Lutte contre le harcèlement
Concrètement, la plateforme revendique sa dimension communautaire où tous sont les bienvenus, et en conséquence, les propos haineux tenus sur la plateforme portant sur « l'origine géographique, la religion, le genre, l'identité ou l'orientation sexuelle, l'âge, le handicap, les caractéristiques physiques ou même le statut de vétérans » pourront donner lieu à des suspensions voire un bannissement, considérant que « la haine n'a simplement pas sa place au sein de la communauté Twitch ».
Idem pour le harcèlement, les incitations au suicide, le fait de traquer, révéler ou de partager publiquement des informations personnelles, etc. Et ces comportements sont évidemment prohibés sur Twitch mais aussi en dehors de la plateforme. Organiser une campagne de harcèlement contre un streamer sur d'autres services que Twitch pourra avoir des conséquences sur la plateforme elle-même.
La plateforme souligne par ailleurs que si ses équipes de modération seront vigilantes au contexte, elle rappelle aussi que « blaguer entre amis » n'a pas les mêmes conséquences dans l'intimité et sur un média de grande écoute, qui diffuse mondialement.
Contenus sexuels
Twitch entend se montrer tout aussi vigilant quant aux contenus sexuels, qu'ils soient explicites (pornographiques ou érotiques) ou suggestifs (dans les comportements ou commentaires, les angles de caméra ou tenue du streamer, entre autres). La plateforme vise ainsi en vrac toute forme de représentation sexuelle ou de nudité : la violence ou l'exploitation sexuelle, les services à connotation sexuelle (couvrant les cas de propositions de prostitution via la plateforme), les offres ou demandes non sollicitées, ou encore la simple menace de diffuser un contenu sexuel sans le consentement des intéressés (visant ici le revenge porn).
Même les jeux à connotation sexuelle sont interdits de diffusion sur la plateforme. Plus concrètement, les jeux classés « AO » (Adult Only) par l'ESRB sont interdits sur la plateforme -- qui en dresse une liste. Plus largement, Twitch se présente comme un service mondial et qui s'adresse à tous les publics (même mineur) et la plateforme entend donc respecter les sensibilités de tous à travers le monde.
« Ce n'est qu'un premier pas »
Ces nouvelles bonnes pratiques communautaires entreront officiellement en vigueur le 19 février prochain. Un délai de quelques jours qui doit permettre aux streamers de mettre leur chaine en conformité avec ces conditions d'utilisation (c'est-à-dire supprimer les replays qui pourraient entrainer des sanctions). Et selon la plateforme, cette mise à jour n'est qu'un premier pas dans sa lutte contre les comportements toxiques : d'autres mesures ont vocation à suivre, que ce soit en impliquant ses équipes de modération ou en améliorant ses technologies de modération (comme l'AutoMod qui modère automatiquement les chats de la plateforme).
On le comprend, Twitch est aujourd'hui un média grand public (tout comme le jeu vidéo est aujourd'hui un loisir qui s'adresse à tous ou presque) et si la plateforme n'est pas encore soumise au contrôle des autorités administratives indépendantes (comme le CSA en France, qui contrôle le contenu des chaînes de télévision), entend manifestement faire montre d'une certaine responsabilité à l'égard des utilisateurs. Reste à déterminer si les joueurs entendront cet appel à la responsabilité.
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