Les brevets de Worlds Inc. invalidés face à Activision Blizzard
Après NCsoft, Worlds Inc engageait des poursuites contre Activision Blizzard, estimant que le géant du jeu vidéo violait ses brevets. Les juges américains ne sont pas du même avis -- mais juste pour cette fois.
On commence à bien connaître Worlds Inc. En 1995, le studio déposait un brevet (très générique) couvrant les « systèmes et méthodes permettant à des utilisateurs d'interagir dans un espace virtuel » et depuis, engage régulièrement des poursuites contre les développeurs de MMO, considérant qu'ils exploitent indument ses concepts. Worlds Inc a ainsi déjà obtenu un arrangement financier avec NCsoft en 2008, et en avril 2012, engageait des poursuites contre Activision Blizzard (estimant notamment que World of Warcraft et Call of Duty violaenit ses brevets).
Mais on n'extorque pas impunément les dollars de Bobby Kotick, qui n'envisageait alors aucun arrangement amiable (à l'inverse de NCsoft), lâchait ses hordes d'avocats sur ceux de Worlds Inc., et contre-attaquait même en poursuivant à son tour l'impétrant (qui de son côté, renforçait ses brevets en février dernier).
L'affaire a déjà connu plusieurs rebondissements de procédure, mais jeudi dernier, la juge Denise Casper rendait sa décision et considérait qu'Activision Blizzard n'avait pas à payer de droits à Worlds Inc. (pour l'instant).
Le fond de l'affaire apparait un brin technique. Worlds Inc se fonde sur des brevets déposés en 1995 et régulièrement renouvelés depuis. Chaque acte fait donc référence au précédent, en plus de renvoyer à des descriptifs techniques précis. Pour s'en prévaloir, Worlds Inc doit néanmoins démontrer que ces brevets ne protègent pas des principes, concepts et autres mécaniques déjà exploités publiquement par d'autres (en d'autres termes, le studio doit démontrer qu'il n'existait pas de « mondes virtuels » en exploitation antérieurement à la date de son premier brevet valide). Or, une faute de frappe dans l'enregistrement d'un des brevets de Worlds Inc empêche le studio de faire la démonstration de son bon droit.
Habituellement, les juges américains ont le pouvoir de rectifier « les erreurs manifestes » de certains actes administratifs. Mais ici, à l'heure où les autorités américaines envisagent de légiférer contre les patents troll (ces brevets déposés non pas pour protéger une création, mais dans l'unique but de les exploiter financièrement contre de vrais créateurs), la juge s'est refusée à apporter le correctif. Worlds Inc est donc dans l'incapacité de démontrer l'antériorité de son brevet et ne peut donc pas réclamer le moindre dollar à Activision. Petit coup de chance pour le géant du jeu vidéo, donc, qui l'a habilement exploité devant le tribunal.
Fin de l'histoire et de cette saga judiciaire initiée il y a deux ans ? Pas vraiment puisque Worlds Inc indique par voie de communiqué avoir fait corriger la faute de frappe (par les voies administratives normales, fort d'un « certificat de correction »), revendique donc toujours une série de brevets cette fois en bonne et due forme et entend bien les exploiter de nouveaux. Et dans son communiqué, si Worlds Inc ne détaille pas ses projets à venir (ses prochaines cibles), il rappelle néanmoins que Call of Duty - Ghosts a généré un chiffre d'affaires de 1,6 milliards de dollars à ce jour. Et le studio considère manifestement que ses concepts brevetés ne sont pas étrangers à ce succès. Suite au prochain épisode.
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