Activision recrute des lobbyistes pour défendre sa cause au Congrès
Le jeu vidéo (violent) est régulièrement accusé d'entretenir les comportements agressifs des jeunes américains. Activision entend défendre sa cause au Congrès et s'adjoint les services d'un des principaux lobbyistes américains.
Si le jeu vidéo est un loisir, c'est évidemment aussi une industrie (pesant quelque 60 milliards d'euros en 2012) et le secteur défend logiquement ses intérêts, notamment sur un plan politique. C'est le cas notamment d'Activision Blizzard qui s'offre aujourd'hui les services d'un cabinet de lobbying aux États-Unis, notamment pour peser l'avenir du Violent Content Research Act, ce texte visant à déterminer officiellement si le jeu vidéo influence ou non les comportements agressifs des jeunes américains - à ce jour, on compte nombre d'études universitaires sur le sujet, mais elles sont peu ou prou aussi nombreuses à établir des liens de causalités qu'à les nier.
On se souvient quoiqu'il en soit de l'origine du Violent Content Research Act : en décembre 2012, un adolescent américain abattait 27 enfants et institutrices dans l'école de Newton.
L'événement suscitait une vague d'émotion aux États-Unis et la Maison blanche initiait une série de mesures visant à lutter contre la violence sous toutes ses formes (que ce soit dans les médias et dans les jeux vidéo - mais échouait à faire évoluer la législation sur les armes à feu). Dans la foulée, en janvier dernier, le sénateur Jay Rockefeller déposait le texte au Congrès américain, le projet S.134 relatif au « The Violent Content Research Act » visant à mandater l'Académie nationale des sciences afin qu'elle mène des recherches sur les effets des jeux vidéo violents sur les enfants agressifs (le texte part du postulat notamment que le jeu vidéo « influence les enfants comme aucun autre média, notamment du fait de la nature interactive des jeux vidéo, de l'approche extraordinairement personnelle qu'ils impliquent et de la violence particulièrement réaliste de certains d'entre eux »). Selon le Washington Post, le texte a été examiné le 30 juillet dernier, mais n'a pas encore donné lieu à un vote des élus américains et Activision Blizzard prend les devants.
Le groupe américain, premier éditeur mondial de jeux vidéo (qui compte dans son catalogue des licences qu'on dit parfois un brin sulfureuses - de la série des Diablo aux différents Call of Duty par exemple), s'est adjoint les services du cabinet Akin Gump Strauss Hauer & Feld, présenté comme l'un des principaux cabinets de lobbying aux États-Unis. On ignore quelle position politique ils seront amenés à promouvoir pour le compte d'Activision, mais on imagine que l'approche américaine qui consiste à considérer le jeu vidéo comme un média protégé par les principes de liberté d'expression seront âprement défendus.
Et en attendant de les voir à l'oeuvre, on notera au passage que les puissants lobbies de la NRA (défendant l'industrie des armes à feu et prompts à accuser le jeu vidéo du regain de violence aux États-Unis) trouveront quelques nouveaux interlocuteurs pour leur porter la contradiction.
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