Bruxelles ouvre une enquête sur les subventions à l'industrie du jeu
Le jeu vidéo est un secteur porteur et les États rivalisent pour attirer ses principaux acteurs (comme le Canada depuis quinze ans). Le Royaume-Uni prépare ses propres subventions, mais la commission européenne s'interroge sur leur bien-fondé.
C'est une évidence, le jeu vidéo est une industrie (culturelle) qui génère un chiffre d'affaires toujours croissant (quand bien même le secteur est aussi soumis à des crises cycliques au rythme des sorties et du vieillissement des consoles, notamment). Le secteur est néanmoins suffisamment important pour faire l'objet d'un soutien très actif de la part de nombreux pays - comme le Canada notamment qui subventionne largement son industrie du jeu depuis plus quinze ans (le crédit d'impôt multimédia peut couvrir jusqu'à 40% de la masse salariale d'un studio et pour les petites structures innovantes, le crédit d'impôt recherches et développement peut faire progresser le chiffre à 75%, en plus de divers prêts attractifs pour les sociétés cherchant à s'implanter et recruter localement). Une politique efficace puisque le Canada attire aujourd'hui la plupart des géants occidentaux de l'industrie du jeu sur son territoire.
Une série de mesures qui inspirent aussi les États européens qui réclament leur part du gâteau. Le Royaume-Uni compte ainsi mettre en place son propre crédit d'impôt, qui permettrait de subventionner jusqu'à 80% de la réalisation d'un jeu, pour peu qu'il remplisse certains critères culturels. Une mesure saluée par les professionnels britanniques, mais qui suscite aussi la suspicion de la commission européenne, qui annonce aujourd'hui ouvrir une enquête sur ce crédit d'impôt anglais.
Bruxelles entend en effet déterminer si le jeu vidéo britannique a réellement besoin d'être aidé (le marché vidéo ludique est jugé « dynamique et commercialement prometteur » et « rien n'indique qu'il soit nécessaire que cette activité soit subventionnée par le contribuable »), alors que de telles aides pourraient fausser la concurrence. Bruxelles redoute surtout une « une course aux subventions entre États membres » (on sait qu'un crédit d'impôt pour la filière jeu vidéo existe déjà en France par exemple et le gouvernement actuel travaille sur de nouvelles mesures).
Les esprits chagrins verront dans l'enquête de la commission le risque de casser la croissance d'un secteur qui reste fragile. Les autres noteront que le jeu vidéo est une industrie aujourd'hui tellement florissante que tous les États rivalisent pour attirer les créateurs sur leur territoire.
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