#1ReasonWhy : la première raison pour laquelle l'industrie du jeu est si peu féminine
Le secteur du jeu est très majoritairement masculin. Pourquoi si peu de femmes ? Elles répondent sur Twitter et dressent un portrait peu reluisant d'une l'industrie vidéo ludique misogyne, machiste, voire hostile aux femmes.
Si la tendance tend à évoluer, on sait pertinemment que l'industrie du jeu vidéo laisse peu de place aux femmes : les concepteurs de jeux sont largement majoritaires au regard du nombre de créatrices (on compterait entre 10% et 15% de femmes au sein des studios de développement) et dans le même temps, on compte toujours bien plus de joueurs que de joueuses (même si, en France, joueurs et joueuses seraient aussi nombreux les uns que les autres en y intégrant les utilisateurs - et trices - de jeux sociaux).
Et au regard de ce constat, la nuit dernière, Luke Crane s'interroge innocemment sur Twitter : pourquoi si peu de femmes dans l'industrie du jeu (essentiellement aux États-Unis). Depuis lors, déferlante de réponses des principales concernées, qui référencent leurs intervention avec le hashtag #1ReasonWhy (la première raison pour laquelle...), propulsé en tête des classements du réseau social aujourd'hui. Et les réponses s'avèrent peu reluisantes.
S'il y a peu de femmes dans l'industrie vidéo ludique, ce serait notamment parce qu'elles n'y sont manifestement pas spécialement bien accueillies : selon les intéressées, machisme et misogynie, propos déplacés et manque de considération professionnelle voire le harcèlement sexuel y seraient monnaie courante.
Pour Lindsay Morgan Lockhart (Trion Worlds), la différence de rémunération entre hommes et femmes à poste équivalent serait aussi l'une des explications. Selon Laralyn McWilliams (aujourd'hui chez Loot Drop, anciennement chez Sony Online où elle était productrice de FreeRealms, le MMO pour jeunes joueuses), c'est aussi à cause des préjugés de l'industrie (les femmes seraient moins efficaces que les hommes), moins aptes à saisir les aspirations des « vrais joueurs » et cataloguées dès lors qu'elles travaillent sur « des jeux pour filles ». Et une autre témoigne du silence de ses collègues lorsqu'elle s'interroge sur les raisons justifiant que la soldate de son jeu ressemble à une actrice de film porno...
Et au-delà de la profession, les communautés de joueurs ne sont pas en reste. Les conventions vidéo ludiques, pourtant censées célébrer le jeu vidéo et les développeurs/euses, sont jugées « peu sûres » pour les créatrices au regard de l'insistance de certains visiteurs. Brenda Romero, créatrice de jeux depuis 31 ans, ne se considère pas comme étant la bienvenue à l'E3 (un salon pourtant professionnel), témoignant avoir été confondue avec les hôtesses animant les stands d'éditeurs (la seule place censément dévolue aux femmes dans ce type de manifestation).
Et les femmes de l'industrie du jeu ne sont pas les seules à témoigner. Jace Proctor, développeur, indique avoir été « sceptique » le jour où sa société a recruté une femme ingénieur, alors « qu'elle est compétente et talentueuse », considérant aujourd'hui qu'il est (a été) aussi « une part du problème ». Alors que de son côté, Matias Myllyrinne, CEO de Remedy, saisie l'occasion pour indiquer qu'il recrute et que les femmes sont les bienvenues dans sa société.
Si une somme de témoignes individuels ne fait pas forcément une généralité (on subodore que tous les professionnels du jeu vidéo et tous les joueurs ne sont pas nécessairement tous d'infâmes machistes - et Regina Buenaobra, d'ArenaNet, me en garde les utilisatrices de Twitter, les enjoignant de ne pas tomber dans l'excès inverse pour stigmatiser indistinctement toute une profession), l'engouement spontané pour le hashtag est peut-être néanmoins significatif d'un certain ressenti.
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