Motion-Twin, nouvelle approche du jeu en ligne
Avec quelque 10 millions de comptes inscrits, le studio s'est fait connaître grâce à ses « jeux sur navigateur » (de la Horde à Miniville en passant par la Brute, pour ne citer que les plus connus parmi la quinzaine de titres disponibles). On connaît peut-être un peu moins la structure égalitaire qu'a adopté Motion-Twin, son mode de fonctionnement ou ses prochains jeux en ligne.
On connaît surtout Motion-Twin pour ses jeux qui envahissent ponctuellement blogs et forums. Derniers titres incontournables, la brute que l'on voyait partout cet été aux côtés de la Horde, un jeu en ligne de survie. L'un et l'autre sont des « jeux en ligne sur navigateur » et avec une dizaine d'autres titres, l'un et l'autre appartiennent au catalogue du studio bordelais qui maîtrise manifestement parfaitement l'art du buzz et de l'image sur Internet.
Pour planter le décor, Motion-Twin est une « SCOP ARL », pour Société Coopérative Ouvrière de Production à Responsabilité et à Capital Variable, une structure égalitaire et originale (volontairement mise en avant ?), qui peut surprendre. Plus prosaïquement, l'ensemble des salariés de la société est associé, tous ont le même nombre de parts de la société, le même pouvoir décisionnaire, le même salaire... et les mêmes responsabilités. « Quand nous recrutons, nous recherchons un nouvel associé prêt à s'investir dans la société ». Chacun y apporte idées et expériences personnelles, qui a permis la réalisation d'une quinzaine de jeux en ligne (plus quelques autres actuellement en projet), joués par quelque « 10 millions de joueurs » (sans que l'on puisse nous définir clairement comment ils sont comptabilisés). Et tour à tour, les membres de l'équipe Motion-Twin deviennent game designer, codeur, graphiste, responsable marketing ou webmaster...
A l'heure où l'on parle capitalisme forcené et crise financière, une telle structure peut-elle être pérenne ? Qu'en sera-t-il dans 10 ans ? « Motion-Twin existe et fonctionne sous cette forme depuis 2001, autant continuer ». Mais jusqu'à un certain point seulement. « Nous avons conscience qu'au-delà d'un certain nombre d'associés, la forme de Motion-Twin pourrait porter préjudice à la prise de décision ». Il faudra manifestement trouver autre chose. Peut-être une déclinaison du modèle sous forme de filiales, autant de petites entités plus ou moins autonomes, notamment dans le cadre d'un développement international...
Des logiciels libres
Quoiqu'il en soit, au-delà d'une forme juridique plutôt rare dans l'industrie du jeu en ligne, Motion-Twin applique aussi ses principes égalitaires à ses technologies. La société tire manifestement une certaine fierté à avoir développé ses propres outils de développement (notamment le langage multiplateforme haXe, pouvant à la fois se greffer sur du Flash, du Javascript ou du PHP)... On arrêtera là les considérations techniques pour signaler que la technologie est distribuée sous licence libre. « Nous avons commencé grâce à l'utilisation de logiciels libres, la diffusion des technologies que nous avons créées nous semblait normale ». Au risque de les confier à la concurrence ? « L'originalité n'est pas tant dans les technologies que nous utilisons que dans notre capacité à créer et à nous renouveler ».
Faut-il voir dans Motion Twin, la concrétisation d'un idéal égalitaire qu'on croyait définitivement perdu en ce début de XIXe siècle ? Peut-être, même si les représentants de la société bordelaise peuvent manifestement aussi se montrer taquins et bien ancrés dans leur époque.
Des jeux et du « buzz »
Un peu par principe, un peu par souci économique (la publicité est modèle économique manifestement trop soumis aux aléas pour être viable selon le développeur), Motion Twin n'affiche pas de réclames dans ses jeux et préfère les financer via un système de micro transactions. Les premières parties sont gratuites, mais misant sur la frustration du joueur voulant jouer plus, il faudra payer pour les parties supplémentaires. Et inversement, Motion Twin ne recoure pas non plus à la publicité pour promouvoir ses jeux.
Manifestement bien ancré dans son époque, le studio bordelais maîtrise l'art du « buzz » pour faire connaître ses titres. Ponctuellement, Motion Twin lance un nouveaux « mini jeu » n'ayant qu'un objectif ou presque : être diffusé très largement, de façon virale et faire office de produit d'appel pour les productions d'envergure du studio.
Durant l'été 2007, Miniville a envahi la toile. Rebelote l'été suivant : en août dernier, la Brute envahissait blogs et forums et replaçait Motion Twin sur le devant de la scène. Les deux jeux, simplistes, permettent aux internautes de s'affronter en ligne durant une poignée de minutes sur des bases largement aléatoires. Aucun gameplay n'anime les jeux, les chances de l'emporter reposent uniquement sur la capacité du joueur à en attirer de nouveaux (des joueurs) et les encourager à s'inscrire sur la plateforme du développeur.
« Nous ne faisons pas de marketing et nous ne travaillons pas avec les agences de marketing, mais nous leur montrons que nous sommes parfaitement capable de générer un "buzz" important rapidement » (comprendre, plus efficacement qu'avec les méthodes traditionnelles des agences)... Avec aussi peut-être le risque que les « petits jeux » n'éclipsent les vraies productions ludiques du studio.
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