Kingdom Come: Deliverance, aux origines de la licence
Lors de sa sortie en 2018, Kingdom Come Deliverance posait les bases d'une nouvelle forme de RPG, misant sur le réalisme et la liberté d'action laissée au joueur. À la veille du lancement de Kingdom Come: Deliverance II, nous revenons sur les origines de la licence (qui n'aurait sans doute jamais vu le jour sans le soutien des joueurs) et ses principales originalités.
La liberté et le réalisme historique. C’est le double crédo que s’est fixé le développeur tchèque Warhorse Studios au moment de poser les bases de sa licence Kingdom Come: Deliverance. Le cahier des charges était clair : d'abord immerger le joueur dans un vaste monde ouvert à explorer librement, inspiré aussi fidèlement que possible de la Bohème du XVe siècle ; et ensuite utiliser ce décor pour raconter une (petite) histoire susceptible de s’inscrire dans la (grande) histoire du Saint-Empire romain germanique – dans le premier Kingdom Come: Deliverance, le joueur incarne le jeune Henry pendant la guerre civile de Bohème de 1403 qui opposait le roi Venceslas IV à son demi-frère Sigismond.
« Audentes Fortuna Iuvat », des débuts laborieux au succès commercial
C’est avec cette idée en tête que les deux vétérans de l’industrie du jeu Dan Vávra et Martin Klíma ont tenté de démarcher des investisseurs susceptibles de financer le développement du premier Kingdom Come: Deliverance. En vain. Manifestement, le jeu intéressait les investisseurs mais la radicalité du projet suscitait des inquiétudes. C'est au moment où le duo était sur le point de renoncer qu'ils parviendront finalement à convaincre un investisseur privé, le millionnaire tchèque Zdeněk Bakala. Il leur octroie de quoi lancer le studio Warhorse à Prague et assez pour réaliser un prototype de leur RPG – en utilisant le CryEngine, choisi pour ses qualités de rendu de la végétation. On est alors en 2011.
Début 2014, les fonds s’épuisent et pour poursuivre le développement de Kingdom Come: Deliverance, Warhorse en appelle aux joueurs : le studio lance une campagne de financement participatif sur Kickstarter, et espère lever 300 000£. Si la campagne ne suscite pas un raz-de-marée, l’objectif est néanmoins rapidement validé, puis dépassé pour atteindre plus de 1,1 millions – et au terme de la campagne KickStarter, la levée de fonds se poursuivra ensuite sur le site officiel. Au total, ce sont plus de deux millions de dollars qui sont récoltés en un peu moins d’un an.
C’est suffisant pour poursuivre le développement de Kingdom Come: Deliverance, lancer une alpha en octobre 2014, puis une bêta en mars de l’année suivante. Mais plus encore, l'intérêt des joueurs pendant la campagne de financement participatif permet enfin d'attirer l’attention d’un éditeur. En septembre 2016, Warhorse signe avec Deep Silver et moins d’un an et demi plus tard, en février 2018, le premier Kingdom Come: Deliverance est finalement lancé sur PC et consoles. « Audentes Fortuna Iuvat », la fortune sourit aux audacieux.
Et malgré (ou grâce à ?) un gameplay parfois jugé un brin aride de prime abord et malgré aussi des bugs au lancement qui ont ensuite été corrigés au gré des patchs et mises à jour qui ont suivis la sortie, Kingdom Come: Deliverance s’impose finalement comme un très solide succès critique et populaire. Selon le studio, 500 000 copies du jeu ont été vendues au cours de ses deux premiers jours d’exploitation et en fin d’année dernière, le développeur revendiquait la vente de plus de huit millions de copies. Concrétiser le développement du jeu aura été laborieux, mais le titre est finalement adoubé par les joueurs.
Le souci du détail
Comment expliquer cet engouement suscité par Kingdom Come: Deliverance auprès des joueurs ? Peut-être précisément du fait du jusqu’auboutisme des développeurs en matière de liberté et de réalisme. Dan Vávra a la réputation d’être obstiné et plutôt têtu, il veut proposer une expérience de jeu à la fois naturelle et crédible. C’est sans doute ce qui rendra son jeu assez unique. Dans le premier Kingdom Come: Deliverance, le joueur ne croise pas de dragons, de trolls ou de sorciers, il n’a pas vocation à devenir un grand héros ou à sauver le monde. Le joueur incarne le jeune Henry, fils du forgeron du village de Skalitz. Il n’est pas spécialement malin, il est plutôt paresseux et de prime abord, il ne sait pas faire grand-chose – comme dans la réalité, il faudra s’exercer et utiliser ses compétences pour les améliorer et gagner progressivement en efficacité.
Il en résulte que les premiers pas en jeu sont parfois ardus. L’univers de jeu est hostile et Henry ne sait pas se battre. Il faut dire que dans Kingdom Come: Delivrance, les affrontements ne s’improvisent pas : le développeur s’est inspiré de techniques de combat historiques réelles, à la façon des affrontements du XVe siècle en Bohème – pour davantage de réalisme, Warhorse s’est doté très tôt de son propre studio de motion capture pour modéliser fidèlement les mouvements des combattants. Et pour encore renforcer le sentiment d’immersion, le jeu se joue à la première personne. Autant dire que les premiers combats peuvent donner lieu à quelques déconvenues.
Simulation et narration au service de l’immersion
Pour autant, si le gameplay de Kingdom Come: Delivrance peut nécessiter un peu de persévérance, le jeu est aussi prenant grâce à sa narration et sa capacité d’immersion. Il n’est pas question ici de tuer des rats à la chaine pour satisfaire un PNJ anonyme qu’on ne reverra jamais...
Quand le village du jeune Henry est attaqué et que sa famille est tuée, il fuit et se rallie au seigneur Radzig Kobyla qui mène la résistance contre l'invasion de Sigismond. C’est le cœur de la trame narrative de Kingdom Come: Deliverance, mais ce scénario n’est qu’une ligne directrice. Le joueur peut s’en affranchir pour réaliser une multitude de quêtes secondaires (optionnelles), comme autant d’opportunités de découvrir la richesse du monde et les différentes fonctionnalités du jeu. Au point que certaines mécaniques n’étaient même pas prévues par le développeur lui-même – le studio évoque par exemple ce joueur ayant concocté une potion de sommeil, la verse discrètement dans la réserve de nourriture d’un groupe d’ennemis, qui s’endorment et peuvent donc être vaincus. L’alchimie est prévue, la possibilité d’interagir avec la nourriture aussi, mais le studio n’avait pas envisagé que les joueurs puissent résoudre une quête en empoisonnant le groupe d’ennemis. Le jeu devient une sorte de simulation médiévale, offrant une multitude de solutions différentes pour atteindre un même objectif.
Parallèlement à ces phases de gameplay qui font la part belle à la créativité des joueurs, la narration progresse aussi grâce à des cinématiques. Elles sont parfois longues, mais on se laisse volontiers embarquer dans le récit, riche et plutôt prenant. L’exploration de l’univers de jeu conduit ainsi à croiser une multitude de PNJ ayant tous une personnalité, une histoire et un comportement cohérent. Ils mènent leur vie et réagissent de façon crédible en fonction des actions de Henry, voire de son apparence – on le prend davantage au sérieux s’il est propre et bien habillé, on le craint davantage s’il arbore une solide armure, etc. Et au-delà des aprioris qu’ils peuvent avoir, les PNJ de Kingdom Come ont aussi de la mémoire : ils se souviennent de leurs interactions avec Henry et adaptent leur comportement en conséquence. L'univers de jeu est incroyablement vivant et Henry (le joueur) en est l'un des acteurs, à part entière.
Parallèlement, au gré de son exploration de la Bohème, le joueur devra aussi faire des choix qui contribuent à façonner la personnalité du héros. Henry pourra conserver sa candeur ou devenir bien plus cynique, garder son sens moral ou devenir un affreux hors la loi... Dans tous les cas, le joueur devra assumer les conséquences de ses choix – d’autant que les options de sauvegardes sont parfois limitées, obligeant à assumer « vraiment » certaines séquences de jeu. Henry en devient d'autant plus un personnage attachant.
Kingdom Come: Deliverance II, la suite des aventures de Henry
Avec Kingdom Come: Deliverance, Warhorse affichait l’ambition de réaliser un jeu « intelligent, adulte et mature », dans lequel le joueur n'est pas pris par la main et n’aurait pas simplement vocation à affronter tout ce qui bouge, sans réflexion. Et les joueurs ont répondu présents – donnant tort aux investisseurs qui craignaient que le gameplay soit un peu trop exigeant.
Kingdom Come: Deliverance promettait des dizaines d’heures de gameplay et après la sortie, Warhorse s’est attaché à faire vivre sa communauté de joueurs. Des patchs correctifs ont d’abord été déployés pour corriger les bugs présents à la sortie. Le studio a ensuite aussi produit des packs de contenus additionnels et a permis aux joueurs eux-mêmes de compléter le jeu grâce aux mods (on en trouve des dizaines qui permettent de personnaliser son expérience de jeu).
Ces années d’exploitation de Kingdom Come: Deliverance ont aussi permis aux équipes de Warhorse de recueillir l’avis des joueurs. Autant de données précieuses que le studio a collectées en vue d’un second opus – annoncé en avril de l’année dernière.
Avec Kingdom Come: Deliverance II, le développeur reprend son récit là où il s’arrêtait dans le premier épisode – la trame de ce nouvel opus est néanmoins écrite de telle sorte que les nouveaux joueurs puissent s'y immerger et l'apprécier. Il reprend aussi les codes qui ont fait le succès du premier (la liberté et le réalisme). Kingdom Come: Deliverance II est néanmoins deux fois plus vaste que son ainé, il intègre cette fois une vaste cité médiévale qui offre encore plus d’interactions avec la population locale et le nouveau jeu promet aussi de nombreux ajustements réclamés par les joueurs du premier épisode – par exemple un système de combat plus fluide et intuitif, divers éléments de qualité de vie et de nouvelles fonctionnalités comme l’artisanat ou l'introduction des premières armes à feu...
À certains égards, Kingdom Come: Deliverance a posé les bases d’une nouvelle sorte de jeux : un RPG historique et réaliste, qui assume de laisser une grande liberté d'action au joueur afin qu'il puisse écrire sa propre histoire. Le deuxième opus, Kingdom Come: Deliverance II, est attendu demain 4 février sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series et comme le premier épisode, il profitera d’une série de mises à jour après la sortie – incluses dans le Season pass de la version Gold du jeu. Gageons que les joueurs seront curieux de prolonger l’épopée de Henry de Skalice et ainsi de contribuer à perpétuer le modèle de la licence.
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Cet article s'inscrit dans le cadre d'une campagne publicitaire ; il a été rédigé à la demande d'un annonceur, qui l'a relu avant publication sans y apporter de modifications de fond ou de forme.
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Plateformes | PlayStation 4, Windows, Xbox One |
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Genres | Indépendant, jeu de rôle (rpg), médiéval |
Sortie |
13 février 2018 (Monde) (Windows) 13 février 2018 (Monde) (Xbox One) 13 février 2018 (Monde) (PlayStation 4) |
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