Bilan 2024 : une page se tourne en Asie, l'Occident s'inscrit dans la continuité
Quelles grandes tendances retenir pour l'année 2024 en matière de jeux vidéo et de MMO ? Peut-être que les développeurs asiatiques historiques de MMORPG lorgnent désormais vers le jeu solo quand les développeurs occidentaux se reposent sur leurs acquis.
Dans le petit monde du jeu vidéo, 2023 avait été une année relativement exceptionnelle dans la mesure où elle apurait le passif des années (post) Covid. Les années précédentes, le développement de nombreux jeux avait pris du retard (notamment du fait de la pandémie et de ses conséquences comme le télétravail) et l’année vidéo ludique avait finalement été marquée par une succession de sorties majeures – on pense à Baldurs Gate 3, Hogwarts Legacy, The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, Starfield ou Diablo IV, mais aussi Final Fantasy XVI, Star Wars Jedi: Survivor ou encore Phantom Liberty, l’extension de Cyberpunk 2077, parmi quelques autres.
À titre de comparaison, l’année 2024 fait figure de retour à la normale... et apparait manifestement un peu morne. On peut évidemment retenir Indiana Jones et le Cercle Ancien (une bonne surprise pour beaucoup) ou Astro Bot (très bien accueilli par les joueurs et la critique, mais peut-être pas de l’envergure de ses prédécesseurs de 2023). On peut sans doute y ajouter aussi The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom ou l’extension Shadow of the Erdtree d’Elden Ring ; Dragon Age: The Veilguard a certes beaucoup fait parler mais peut-être pas pour les bonnes raisons ; et Helldivers 2 ou Path of Exile 2 suscitent un très solide enthousiasme chez les joueurs (en ligne), mais ce n’est pas leur faire injure que de dire qu’ils visent un public plutôt spécialisé et pas vraiment le grand public.
Quand l’Asie tourne la page des MMORPG ?
Les succès mondiaux de jeux chinois ou coréens. Parmi les succès d’audience vidéo ludiques mondiaux de cette année, il faut néanmoins y ajouter des jeux solo originaires d’Asie – on y est habitué de la part de développeurs japonais, un peu moins pour les développeurs chinois ou coréens. De quels jeux parle-t-on ici ? Par exemple Black Myth Wukong du Chinois Game Science qui en a impressionné plus d’un en Asie comme en Occident, mais aussi dans une moindre mesure Wuthering Waves (Kuro Game) qui a aussi attiré l’attention des joueurs, ou encore Marvel Rivals (pas vraiment un jeu solo mais qui se classe parmi les bonnes surprises venant de Chine et qui rivalisent avec l'Occident). Depuis la Corée du Sud, le studio Shift Up a lui aussi su se faire remarquer avec Stellar Blade, tout comme Neowiz avec Lies Of P avant lui.
Par des développeurs qui se détournent de leurs traditionnels MMORPG. Evidemment, on ne découvre pas les jeux chinois (HoYoverse signe quelques-uns des jeux les plus populaires au monde), ni même coréens. Les succès asiatiques de 2024 sont néanmoins notables dans la mesure où les studios chinois ou coréens investissent dorénavant le marché mondial des jeux solos, là où ils se sont longtemps focalisés exclusivement ou presque sur les MMORPG et jeux en ligne multijoueurs. Aujourd’hui, le marché vidéo ludique asiatique théorise la fin de (son) âge d’or du MMORPG et part à la conquête de l’Occident (et de son parc de consoles) avec des jeux sur-mesure et en y mettant son savoir-faire technologique. L’avenir dira si la tendance est durable, mais après avoir profité des investissements massifs des éditeurs asiatiques (à commencer par Tencent), l’Occident devra manifestement compter les développeurs chinois et sud-coréens, en plus de leurs homologues japonais. Sans trop s’avancer, on imagine que plusieurs de ces titres chinois ou coréens, intégrant parfois une dimension multijoueur mais souvent pensés pour être résolument joués en solo, devraient marquer les esprits en Occident dans les mois ou années à venir – en vrac, Crimson Desert, The First Berserker Khazan ou The Relic The First Guardian, Where Winds Meet ou Ananta, Phantom Blade Zero ou Wuchang: Fallen Feathers ou même dans des genres différents inZOI en Corée ou The Bustling World en Chine.
Quel bilan pour le MMORPG en 2024 ?
Est-ce à dire que les studios asiatiques ou même occidentaux ont totalement délaissé le MMORPG en 2024 ? À l'évidence non, mais au regard de l’activité du secteur cette année, le jeu massivement multijoueur semble être un brin dans l’expectative.
Le lancement occidental de Throne and Liberty. Evidemment, l’actualité « MMO » de 2024 a été dominée par le lancement occidental de Throne and Liberty. Le MMORPG est signé par le géant coréen NCsoft (longtemps resté l’un des leaders du jeu massivement multijoueur en Corée mais qui cherche aujourd’hui un second souffle) et exploité en Occident par un autre géant, Amazon Games (dont la stratégie commerciale ne parait pas toujours très limpide). Le jeu a suscité une solide attention en Corée avant de s’essouffler. En Occident, Throne and Liberty s’est classé parmi les meilleurs lancements sur Steam et sur la première marche du podium des jeux free-to-play les plus joués sur PlayStation 5 à sa sortie – mais sans garantie de fidéliser durablement ses joueurs. Sur le papier, le jeu promettait de reprendre les codes historiques du MMORPG pour inciter les joueurs à jouer ensemble. Dans la pratique, NCsoft et Amazon Games tâtonnent manifestement encore un peu et promettent pour l'avenir de faire évoluer les mécaniques de jeu les plus répétitives (c’est-à-dire les « activités quotidiennes » jugées trop contraignantes par les joueurs). On sera curieux de découvrir si Throne and Liberty pourra trouver durablement sa place sur le marché occidental du MMO, sur PC mais aussi sur consoles.
L'abandon de Blue Protocol. Au-delà de Throne and Liberty, les faits marquants de l’année ont fait souffler le chaud et le froid. Pour le froid, la sortie occidentale de Blue Protocol devait être l’un des temps forts de l’année, elle a purement et simplement été abandonnée (et la version originale japonaise ferme ses portes, en attendant une résurrection du jeu sur plateformes mobiles en Chine).
Et les lancements commerciaux, en accès anticipé ou en test de MMORPG indépendants. Pour le tiède, notons la sortie de Fractured Online cette année. Le MMORPG semble néanmoins bien en peine de rallier les joueurs malgré la bonne volonté d’une petite équipe de développement motivée. On retient aussi les lancements de plusieurs MMORPG indépendants, en accès anticipé. Corepunk suscite manifestement un certain intérêt mais même en accès anticipé, le MMO steampunk est manifestement sorti un peu trop tôt – au point de devoir fermer ses serveurs plusieurs jours le temps d’en stabiliser l'accès. Pantheon aussi a donné le coup d’envoi de son accès anticipé et s’il suscite toujours l’ire de certains joueurs déçus par des abords un brin archaïque après plus d’une décennie de développement, le MMORPG semble trouver son public auprès des nostalgiques d’EverQuest ou Vanguard. Le MMORPG fidélise manifestement une base de quelques milliers de joueurs quotidiens et sa population semble augmenter sensiblement.
Cette année a aussi été marquée finalement par le lancement de l’Alpha 2 d’Ashes of Creation : si le jeu est encore loin d’être finalisé, cette phase de tests « au long cours » remplit son office et permet d’identifier les principaux dysfonctionnements du jeu – et à partir du 6 janvier, les serveurs resteront ouverts cinq joueurs par semaine. Au rang des alphas, notons aussi celle de Star Citizen. Evidemment, elle est en cours depuis bien longtemps, mais depuis cette année, elle commence enfin à prendre forme significativement : la version 4.0 pose les bases concrètes des promesses initiales et suscite au moins une certaine espérance – voire un certain d’enthousiasme chez certains.
Et toujours des extensions significatives
Pour autant, on le sait, les MMORPG s’inscrivent dans un temps longs et une fois de plus, les « grands anciens » du secteur font en sorte de nous le rappeler. Les lancements notables de nouveaux MMORPG sont rares, mais les extensions se multiplient et s’assurent de faire vivre les MMORPG qui tiennent le haut du pavé depuis parfois des décennies.
The War Winthin, le renouveau de World of Warcraft ? Pour ses 20 ans d’exploitation, World of Warcraft s’est enrichi du premier volet de sa trilogie d’extensions, avec The War Within. On se souvient que Shadowlands en 2020, puis dans une moindre mesure Dragonflight en 2022 avaient été accueillies fraichement par les joueurs. Les équipes de Blizzard en ont convenu et The War Within devait être l’extension qui permettrait de renouer le dialogue avec les habitants d'Azeroth. Chacun jugera des qualités et défauts de l’extension (qui pose les bases d’une nouvelle narration qui se poursuivra durablement mais renonce aussi au moins partiellement à sa dimension « massive » au profit d’un contenu jouable en solo), et pour autant, le développeur s’est manifestement attaché à écouter les joueurs – notamment en supprimant certaines mécaniques jugées trop fastidieuses ou contraignantes. Qu’on l’apprécie ou non, cette modernisation de World of Warcraft semble plutôt efficace et avoir trouvé un certain écho auprès des joueurs, après plusieurs années de disette.
Et des extensions pour la plupart des ténors massivement multijoueurs occidentaux. Même approche narrative pour Dawntrail, la cinquième extension de Final Fantasy XIV Online lancée l’été dernier. Elle embarque également les joueurs dans un nouveau récit, plus léger que les précédents ajouts de contenu. Plus largement, FFXIV s’est construit une solide identité au fil des années, ayant séduit les joueurs. Dawntrail s’inscrit dans cette continuité tout en s’offrant aussi un coup de jeune en termes de gameplay et grâce à une mise à jour graphique bienvenue. L’extension permet manifestement de continuer à faire vivre l’héritage du MMORPG de Square-Enix et c’est après tout ce qu’on demande à une extension.
Guild Wars 2 s’offrait aussi une extension cette année avec Janthir Wilds. Pas de bouleversement ici non plus, mais de quoi faire en sorte que les joueurs historiques de GW2 restent en terrain connu sans perdre leurs marques – et là aussi, c’est peut-être un gage de longévité pour un titre lancé il y a plus d’une douzaine d’années.
Retenons aussi Aeternum, l’extension / mise à jour majeure / refonte / nouvelle sortie / portage de New World. Si la formule imaginée par Amazon Games était un tantinet sibylline et quand bien même New World n'est pas très vieux comparé à ses illustres compétiteurs, Aeternum marquait à la fois le lancement de New World sur consoles et la refonte de certaines composantes du jeu afin de mieux accueillir les nouveaux joueurs. La mise à jour a manifestement été diversement appréciée (la faute a une identité peu claire), mais New World compte néanmoins toujours son lot de fidèles et se révèle relativement rafraichissant.
On pourrait y ajouter les extensions de plusieurs autres vénérables MMORPG – les extensions annuelles des EverQuest ; le chapitre annuel d’Elder Scrolls Online (Gold Road) ; la suite de la mise à jour majeure Land of the Morning Light de Black Desert ; ou encore Equinox et Revenant, les dernières extensions d’Eve Online, parmi quelques autres. On retiendra néanmoins que, comme souvent en Occident, le marché du MMORPG se renouvelle finalement assez peu et préfère faire vivre ses titres historiques. Les joueurs des MMO concernés ne s’en plaindront évidemment pas. Ceux peinant à trouver chaussures à leur pied en sont néanmoins pour leur frais et même l’Asie apparait dorénavant un peu moins comme la source d’un certain renouveau en matière de MMO. Rendez-vous néanmoins en 2025 pour découvrir ce que la nouvelle année nous réserve en matière de nouveaux univers vidéo ludiques à explorer – que ce soit en solo, en petit comité ou en groupes entiers.
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