Les coulisses de l'annulation du Project Odyssey de Blizzard

Hier, des indiscrétions (confirmées) faisaient état de 1900 licenciements au sein des divisions « jeux » de Microsoft et plus spécifiquement chez Activision Blizzard et Blizzard Entertainment. Entre autres conséquences, on apprenait également l’annulation du Project Odyssey de Blizzard, le jeu de survie du studio annoncé en 2022 et qui devait poser les bases d’un nouvel univers – une première pour Blizzard depuis Overwatch.

Par voie de communiqué, le porte-parole de Blizzard Andrew Reynolds confirmait que le développement du titre est donc abandonné afin de permettre au studio de se « reconcentrer sur des projets plus prometteurs en terme de croissance future » et que certains des membres de son équipe de développement (ceux n’étant pas licenciés) auraient vocation à « être redéployés sur l’un des nombreux nouveaux projets passionnants en cours de développement chez Blizzard ». Dans les colonnes de Bloomberg, le toujours bien informé Jason Schreier évoque néanmoins les coulisses de l’annulation du projet.

Un projet jugé prometteur, mais complexe techniquement

On savait que le projet Odyssey avait été initié de longue date, dès 2017, sur une idée de Craig Amai (l’un des vétérans de Blizzard) et que le jeu devait prendre la forme d’un jeu de survie – selon Jason Schreier, Blizzard aurait souhaité concevoir l’équivalent d’un Rust, mais « en plus peaufiné et avec moins de bugs ». Après des années de développement, le projet occupait manifestement plus d’une centaine de salariés, leur nombre devait augmenter à l’avenir, et le titre bénéficiait d’un gros budget. En outre, le prototype apportait manifestement plutôt satisfaction, et présentait « beaucoup de potentiel sur le marché des jeux de survie ».

Pourquoi alors abandonner le projet ? Manifestement pour des raisons techniques. Le projet Odyssey avait été initié avec l’Unreal Engine (sans doute la version 4), jusqu’à ce que les cadres de Blizzard imposent un changement de moteur – l'une des raisons évoquées reposait sur le fait que le moteur d’Epic n’était pas jugé suffisamment efficace pour accueillir plus de 100 joueurs simultanément dans les vastes zones de l’univers de jeu. Le premier cercle du studio aurait alors imposé à l’équipe de développement d’opter pour le moteur Synapse, conçu en interne chez Blizzard plus spécifiquement pour les jeux mobiles et que le développeur souhaitait manifestement amortir sur plusieurs projets.

Trop d'investissements malgré le potentiel

La transition entre les deux moteurs se serait néanmoins révélée plus complexe que prévue, induisant de nouveaux délais. Lors de l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft, l’équipe d’Odyssey espérait manifestement convaincre le nouvel exécutif de revenir à l’Unreal Engine – Microsoft avait publiquement annoncé que les équipes de développement seraient libres d’utiliser les technologies de leur choix, sans être tributaires des choix de la direction.

On connait néanmoins la suite. Malgré son potentiel, le projet Odyssey était encore loin d’être achevé et l’équipe de développement envisageait un lancement au mieux en 2026, sous réserve de renforcer drastiquement l’équipe de développement. Manifestement, les coûts ont été jugés trop élevés au regard des gains potentiels (sur un marché des jeux de survie déjà très encombré ?) et Odyssey a donc été sabordé au profit d’autres projets en cours.

Selon Andrew Reynolds, « même si ces décisions sont difficiles à prendre, l'expérimentation et la prise de risque font partie de l'histoire de Blizzard et du processus de création ». Il poursuit : « les idées se recyclent dans d'autres jeux, voire parfois deviennent des jeux à part entière. Commencer quelque chose de complètement nouveau est l'une des choses les plus difficiles à faire dans l’industrie du jeu, et nous sommes immensément reconnaissants envers tous ceux qui ont soutenu le projet ». On attendra donc de découvrir les prochains projets du groupe.