Bobby Kotick restera à la tête d'Activision Blizzard au moins jusque fin 2023
Microsoft a finalement concrétisé son acquisition d'Activision Blizzard. Quid de l'avenir de Bobby Kotick ? Le patron d'ABK restera en poste jusqu'à la fin de l'année, avant manifestement de céder la place – avec un confortable parachute doré.
Après avoir obtenu l’aval de la CMA britannique en fin de semaine dernière, Microsoft parvenait finalement à concrétiser son projet d’acquisition d’Activision Blizzard King (ABK). Dans ce contexte, quid de l’avenir de Bobby Kotick, le patron emblématique d’Activision depuis 32 ans ? Dans une note adressée aux salariés de son groupe, il précise s’être mis d’accord avec Phil Spencer (le patron de Xbox Game Studios chez Microsoft) pour rester en poste jusqu’à la fin de l’année.
Bobby Kotick à ses salariés : « J’ai longtemps indiqué être pleinement investi pour réussir cette transition. Phil [Spencer] m’a demandé de rester à mon poste de PDG d’Activision Blizzard King, sous ses ordres, et j’ai accepté de poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2023. Nous allons travailler ensemble à une intégration sereine [d’ABK dans le giron de Microsoft] pour nos équipes et pour les joueurs. »
Bobby Kotick devrait donc rester en poste encore pendant quelques mois et la nouvelle d'une perspective de départ en réjouit manifestement certains. On le sait, Bobby Kotick est un patron particulièrement controversé – généralement salués par les actionnaires qu’il a contribué à enrichir, mais très peu apprécié de ses équipes du fait de ses méthodes de management brutales et souvent détesté par les joueurs pour les politiques commerciales qu’il a instauré au fil des années chez ABK.
Un patron controversé
Plus concrètement, depuis son acquisition de l’entreprise fin 1990, Bobby Kotick a su transformer Activision grâce à des investissements manifestement avisés – notamment le rachat de plusieurs studios de développement lui permettant de signer les premiers titres significatifs du groupe. Entre 2006 et 2008, il sera l’artisan du rapprochement entre Activision et la branche « jeu vidéo » de Vivendi (incluant Blizzard Entertainment), puis son émancipation d’avec Vivendi en 2013 pour faire d’Activision Blizzard un groupe indépendant – dont il détient un nombre significatif de parts. En 30 ans, il aura donc transformé un petit studio au bord de la faillite en l’un des acteurs majeurs de l’industrie du jeu vidéo en Occident racheté près de 70 milliards de dollars par Microsoft.
La success-story a néanmoins un prix : une direction jugée brutale de ses équipes, qui conduira notamment au scandale de la culture d’entreprise d’Activision Blizzard – il est personnellement poursuivi pour harcèlement sexuel, avant que l’affaire ne fasse l’objet d’un arrangement financier ; et selon une enquête du Wall Street Journal, il aurait été informé des cas de harcèlement au sein de son entreprise sans avoir agi pour y mettre fin (mais les actionnaires d’ABK lui renouvellent néanmoins leur confiance). Tous ses choix stratégiques ne sont pas des réussites non plus : c’est lui qui a poussé la création des Ligues d’esport d’Activision Blizzard, et c’est un échec commercial en plus d’avoir sans doute contribué au sabordement de la licence Overwatch. C'est lui aussi qui a encouragé la hausse des prix et le développement de modèles économiques très agressifs, au prix d'une désaffection de son groupe de la part des joueurs.
En attendant un successeur
À ce stade, Microsoft se refuse encore à communiquer la date de départ de Bobby Kotick de la direction d’Activision Blizzard – vraisemblablement début 2024, mais sans plus de précision. On imagine que cette date sera fixée quand son successeur (ou sa successeuse) sera choisie. Selon Microsoft, la « nouvelle structure organisationnelle » sera annoncée officiellement dans les mois à venir.
D’ici là, Bobby Kotick ne partira pas les mains vides : en plus d’être l’un des patrons de l’industrie du jeu les mieux payés, la conclusion du projet d’acquisition lui assure un parachute doré de 15 millions de dollars et selon la BBC, au regard du prix d’achat des actions du groupe par Microsoft (95$ par actions), ses parts d’ABK seraient valorisés à environ 400 millions de dollars (des actions acquises lors de la prise d'indépendance d'Activision Blizzard en 2013, mais aussi des actions gratuites obtenues au cours des quinze dernières années). De quoi prendre une retraite confortable.
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