Ubisoft en passe de s'offrir les droits de streaming du catalogue de jeux d'Activision Blizzard

Microsoft souhaite s'offrir Activision Blizzard mais la CMA britannique s'y oppose, de peur que Microsoft occupe une position dominante sur le secteur du cloud gaming. Qu'à cela ne tienne, la gestion du cloud est déléguée à Ubisoft. 

Microsoft x Activision Blizzard

Par voie de communiqué, Ubisoft annonce ce matin la signature d’un accord d’envergure conclut avec Activision Blizzard, « lui donnant les droits de Cloud Streaming [des jeux] d’Activision Blizzard actuels ou à venir au cours des 15 années suivant l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft ». Plus concrètement, l’accord doit permettre à Ubisoft de distribuer les versions « cloud » des jeux d’Activision Blizzard sur son propre service à abonnement Ubisoft+, mais aussi « d’accorder des licences d’accès en streaming au catalogue actuel de jeux d’Activision Blizzard, ainsi que toute nouvelle sortie, aux entreprises de Cloud Gaming, aux fournisseurs de services et aux fabricants de consoles ».

Toujours selon le communiqué d’Ubisoft, l’accord doit permettre « à Ubisoft de proposer l'accès aux jeux d'Activision Blizzard en "cloud streaming" à un plus grand nombre de joueurs dans le monde entier ».

Obtenir l’aval de la CMA pour la fusion Activision Blizzard / Microsoft

Que faut-il comprendre ? La date de l’annonce n’est manifestement pas anodine puisqu’aujourd’hui 22 août, l’Autorité de la concurrence et des marchés britannique (la CMA) annonce ouvrir une nouvelle enquête sur l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft pour un peu moins de 70 milliards de dollars. On s’en souvient, la CMA avait mis son véto à l’opération d'acquisition, estimant que l’achat du géant de l’édition vidéo ludique par Microsoft serait de nature à déséquilibrer le marché du « cloud gaming » en octroyant une position (trop) dominante à Microsoft dans le secteur.

Aujourd’hui, la CMA confirme son véto malgré les concessions apportées par Microsoft au cours des derniers mois, notamment celles formulées pour obtenir l’aval de la Commission européenne. Ce n'est pas une surprise dans la mesure où il est extrêmement rare que la CMA revienne sur ses décisions. Pour autant, l'autorité britannique annonce aussi ouvrir une « nouvelle enquête » qui lui permettra de (ré)étudier l’opération, présentée cette fois dans un « accord restructuré ». Cet « accord restructuré » n’est autre que celui qui consiste à céder les droits d’exploitation dans le cloud  des jeux d’Activision Blizzard à Ubisoft.

Ubisoft, maître des versions cloud du catalogue d'Activision Blizzard

En d’autres termes, l’exploitation commerciale des versions cloud des jeux d’Activision Blizzard sera donc déléguée à Ubisoft (et donc pas directement contrôlé par Microsoft), qui pourra les conserver pour sa propre plateforme ou les commercialiser auprès de tiers – incluant l'octroie de licence cloud à Sony pour distribuer les jeux dans l'environnement PlayStation, mais aussi à Microsoft qui devra donc acquérir les licences d’exploitation cloud des jeux de sa propre filiale, par le truchement d’Ubisoft. Fort de ce montage, Microsoft espère manifestement faire la démonstration que sa position n’est pas dominante sur le marché du cloud et obtenir ainsi l’aval de la CMA. La CMA s’est fixée jusqu’au 18 octobre prochain au plus tard pour boucler son enquête – date butoir à laquelle Activision Blizzard et Microsoft souhaitent pouvoir finaliser leur deal.

Si la CMA valide ce nouveau montage, il pourrait se révéler gagnant pour la plupart des parties à l’opération : Ubisoft y gagnerait les droits sur le cloud d’un catalogue de poids (on ignore néanmoins le montant de l'opération), Activision Blizzard verrait ses jeux distribués sur la plupart des plateformes de cloud, les concurrents de Microsoft auraient accès au catalogue d’Activision Blizzard via Ubisoft et même contraint à des concessions, Microsoft pourrait ainsi valider son acquisition d’Activision Blizzard. Reste à déterminer les conséquences concrètes pour les joueurs au cours des 15 années à venir – en 15 ans, le cloud pourrait prendre une place très significative dans l'écosystème vidéo ludique.

Réactions (6)

Afficher sur le forum