Rachat d'Activision Blizzard : Microsoft et la CMA britannique se donnent du temps pour trouver un accord

Pour acquérir Activision Blizzard, Microsoft doit encore contourner le blocage de la CMA britannique. Contrairement aux usages, le groupe et l'autorité se donnent du temps supplémentaire pour trouver un accord amiable. 

Microsoft x Activision Blizzard

Dans sa quête à 69 milliards de dollars pour s’offrir Activision Blizzard, Microsoft a su convaincre (ou faire plier) les autorités de la concurrence des principaux marchés à travers le monde. Le géant américain fait néanmoins toujours face au blocage de la Competition and Markets Authority (CMA) britannique qui a rejeté le projet de fusion au Royaume Uni. On le sait, Microsoft a fait appel de la décision de la CMA devant le Competition Appeal Tribunal (CAT) dont la décision était attendue le 28 juillet prochain – afin de valider ou rejeter la décision négative de la CMA.

Microsoft et la CMA ont néanmoins déposé une requête conjointe devant le tribunal d’appel visant à ajourner la décision, afin de se donner davantage de temps pour continuer à négocier. Selon Bloomberg, le juge Marcus Smith s’est dit « disposé à reporter l'audience de la semaine prochaine pour peu que la CMA fournisse les raisons pour lesquelles elle considère que des changements importants (...) seraient susceptibles de justifier la demande d’ajournement ».

Une négociation pas anodine pour la CMA

Au-delà du délai lui-même, la simple demande est significative dans la mesure où selon Bloomberg, la CMA est traditionnellement peu encline à négocier – elle rend ses décisions et ces décisions sont contestées devant les tribunaux d’appel mais elle ne transige que rarement avec les acteurs de ses dossiers.

Dans le cas présent, le fait que le blocage de la fusion de la FTC aux Etats-Unis ait été retoqué par les tribunaux américains conduit manifestement la CMA britannique à douter de la solidité de son dossier. La tournure de la procédure aux Etats-Unis conduit peut-être la CMA à rechercher un arrangement plutôt que de se soumettre à une décision d’appel qu’elle est susceptible de perdre.

Et de son côté, Microsoft est sans doute aussi plutôt enclin à trouver un compromis négocié par ses équipes plutôt que de s’en remettre au tribunal, avec le risque de devoir renoncer à la fusion ou de cesser ses activités au Royaume-Uni. Ainsi, selon les avocats de la CMA, « sur la base des discussions menées jusqu'à présent, les deux parties – Microsoft et la CMA – sont convaincues qu’une transaction remaniée est en mesure de répondre aux préoccupations identifiées par la CMA ».

Le cloud gaming dans la balance

Quid dès lors de ce « remaniement » de la fusion négocié actuellement entre Microsoft et la CMA ? À cette heure, aucun des deux acteurs ne la commente, mais pour complaire à la CMA, Microsoft pourrait par exemple être amené à céder tout ou partie de ses activités liées au cloud gaming au Royaume-Uni – la position dominante de Microsoft dans le secteur du cloud gaming outre-Manche est la principale préoccupation de la CMA. Reste à déterminer si l’enjeu justifie le coût.

Microsoft devra en outre aussi renégocier son accord d’acquisition avec Activision Blizzard. Selon les termes originaux du contrat d'acquisition, Microsoft avait jusqu’à aujourd’hui 18 juillet pour finaliser son achat, sous peine d’activation d’une clause de dédit de trois milliards de dollars si l'opération capotait. Force est d’admettre que Microsoft a déployé de nombreux efforts pour finaliser la transaction qui touche maintenant à son terme (le fait que l’opération ne soit pas encore bouclée n’est pas lié à un renoncement de Microsoft). Gageons donc que le géant américain parviendra à trouver un arrangement avec (sa future filiale) Activision Blizzard – après avoir fait plier les autorités de la plupart des grandes nations de la planète.

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