Le législateur sud-coréen envisage de garantir des droits aux joueurs sur leurs achats
Des objets virtuels sont en vente dans les boutiques de jeu, mais ces mêmes objets et jeux peuvent être modifiés au gré des mises à jour. Un député sud-coréen milite pour une meilleure protection des droits des joueurs face aux exploitants.
De plus en plus, les jeux sont des produits évolutifs : au gré des mises à jour, des contenus sont ajoutés ou supprimés, les équilibres de gameplay sont modifiés (parfois drastiquement), et certains titres peuvent même fermer leurs portes définitivement.
Dans ce contexte, quels sont les droits des joueurs ? Est-il par exemple légitime qu’un contenu acheté dans une boutique en ligne dans une devise bien réelle (comme un objet virtuel) puisse être modifié voire supprimé au gré des mises à jour du jeu ? Qu’un objet présenté comme rare lors de son introduction dans la boutique puisse finalement devenir courant dans les versions ultérieures du jeu ? Ou encore qu’un objet acheté puisse être remplacé par un autre à la discrétion du studio de développement (parce que le développeur décide d’un nerf, par exemple – comme l'a déjà fait NCsoft dans la version sud-coréenne de Lineage M) ?
Autant de questions soulevées par le député Yoo Dong-soo du parti démocrate en Corée du Sud, qui estime que les droits des joueurs sont bien moins protégés que ceux des acheteurs en ligne de films, de musique ou de livres – ces derniers disposent généralement au moins de garanties quant à la durée d’accès aux produits culturels qu’ils achètent.
En conséquence, le député sud-coréen entend déposer un projet de loi visant à octroyer des garanties aux joueurs.
Le projet s’articule autour de trois principaux axes. D’abord une obligation d’information des studios à l’égard des joueurs, qui imposerait d’indiquer les prix, contenu précis, période de vente et période de mise à disposition des objets en vente dans les jeux de sorte que les joueurs sachent précisément et en conscience ce qu’ils achètent et pour combien de temps. Ensuite, une obligation d’information s’imposerait de nouveau pour tous les cas de suppressions, substitutions, modifications ou échanges portant sur les contenus payants d’un jeu, là encore pour que les joueurs sachent précisément si leur achat va subir un changement de son état initial. Enfin et surtout, en cas de suppression ou modification d’un contenu payant « pour des raisons imputables au fournisseur de contenu », les joueurs pourraient prétendre à un remboursement de leur achat, voire à « une indemnisation en cas de dommage important ». Et là encore, le studio devrait dument informer les joueurs des modalités de remboursement ou d’indemnisation.
En d’autres termes, si un studio choisit sciemment de modifier un contenu ayant été proposé à la vente (excluant donc les cas de faillites ou de jeux fermés pour des raisons économiques), les joueurs sud-coréens qui s’estimeraient lésés par certaines modifications du jeu pourraient réclamer réparation pour le préjudice subi.
On ignore si le projet de lois sera déposé devant le législateur sud-coréen, et plus encore s’il pourrait être voté par l’Assemblée sud-coréenne. Mais à l’heure où les mécaniques « play-to-earn » gagnent manifestement du terrain dans les univers ludiques, garantir la valeur du « patrimoine » virtuel des joueurs apparait comme un raisonnement sensé. On sera dès lors curieux de découvrir si le texte sera adopté et comment il pourra être appréhendé, à la fois par les joueurs et par les acteurs de l’industrie en Corée.
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