Square Enix en 2022 : développement technologique et « jeux décentralisés »

Comme le veut l’usage, le président de Square Enix Yosuke Matsuda présentait ses vœux aux amateurs du studio japonais et dans une longue lettre ouverte, en profitait pour esquisser quelques-uns des projets de son groupe pour la nouvelle année. Et manifestement, 2022 est placé sous le signe de la technologie chez Square Enix.

Depuis déjà quelques années, le développeur japonais accentue ses efforts en matière de recherches et développements, pour se consacrer notamment à l’amélioration de ses technologies d’intelligences artificielles ou au développement du cloud gaming au fur et à mesure de la démocratisation des connexions très haut débit (via la 5G, notamment). Une double approche qui doit à la fois faciliter l’accès aux jeux et modifier les mécaniques des jeux en question – le cloud gaming doit par exemple faciliter la mise en place de mécaniques multijoueur à grande échelle.

Pour autant, selon Yosuke Matsuda, 2022 sera surtout « l’année 1 » à la fois du métavers et du « jeu décentralisé », cette approche du jeu vidéo reposant sur les technologies de la blockchain et des NFT. Le président de Square-Enix part d’un constat : le jeu vidéo a longtemps été une industrie unidirectionnelle (des développeurs concevant des jeux pour des joueurs). On a certes constaté l’émergence de « jeux créatifs », ces jeux permettant aux joueurs de concevoir et de partager du contenu entre eux, mais selon Yosuke Matsuda, le genre reste encore confidentiel parce que les créateurs n’y trouvent pas suffisamment leur compte (le simple plaisir de la création et du partage ne serait pas suffisant), faute d’une « incitation explicite » à contribuer à faire vivre un jeu.
C’est là qu’intervient le « jeu décentralisé » : proposer des incitations explicites aux joueurs pour qu’ils contribuent à faire vivre un jeu. Ces jeux ne seraient donc plus conçus uniquement par des équipes de développement, mais par une communauté de joueurs dans son ensemble (une conception décentralisée, donc) et ces joueurs seraient « explicitement » récompensés pour leur contribution – peu ou prou sur le modèle d’un YouTube, avec ses créateurs de contenu monétisant leurs vidéos. Les technologies de la blockchain et les NFT permettraient techniquement de fluidifier ces capacités de création et de monétisation, conduisant Yosuke Matsuda à envisager la création d’un token spécifique à Square Enix.

Dans la presse japonaise, les équipes de Square-Enix évoquaient déjà récemment leur intérêt pour les NFT et la blockchain, mais soulignaient aussi avoir actuellement d’autres priorités. Le déploiement de NFT dans les jeux de Square-Enix s’inscrirait donc dans un projet de moyen terme (d’ici quelques années). Le temps d’imaginer de vrais enjeux ludiques dans ces évolutions technologiques et économiques ?