Les équipes de The International 2019 : Mineski
Les articles présentant les futurs concurrents de The International, tournoi doté déjà de plus de 31 millions de dollars, continuent. Mineski est le troisième compétiteur venu de la zone Asie du Sud-Est.
Mineski n'est plus la grande équipe SEA de l'an dernier, sur laquelle reposaient bien des espoirs, in fine déçus lors de The International 2018. La line-up a beaucoup changé tout au long de la saison et a du faire face à de nombreuses difficultés. Hugo et Guiguioh feront le point en conclusion sur leurs attentes par rapport à l'équipe.
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Difficultés, échecs et transformations
Durant la saison 2017-2018, Mineski fait figure d'équipe all stars de la scène SEA, articulée autour des deux joueurs les plus marquants de la zone, iceiceice et Mushi. Après un début d'année un peu poussif, elle réalise une montée en puissance très nette au début du printemps 2018, ce qui lui permet de remporter le DAC 2018, qui a le rang de Major. Elle s'impose dans ce tournoi face à toutes les meilleures équipes du moment, notamment LGD qui entame son ascension. Elle réalise ensuite de bonnes performances dans plusieurs autres Majors.
Les attentes sont donc fortes lorsque s'ouvre TI8, en dépit d'un Supermajor moins bon que prévu. The International débute mal et continue de même : Mineski sort sur un top 12 qui n'a vraiment rien de glorieux. Il n'est dans ces conditions pas étonnant que la structure cherche à renouveler son roster, tandis que plusieurs joueurs s'en vont, en premier lieu le duo iceiceice-Jabz qui s'installe chez Fnatic, ainsi que ninjaboogie.
Le mid Moon et Mushi sont donc les seuls anciens à demeurer chez Mineski ; le second change toutefois de rôle, passant support pour faire de la place à un joueur prometteur venu de Geek Fam, JT-. L'ancien membre de Newbee, l'Australien kpii, et le Coréen Febby complètent la line-up.
Très vite, les performances ne sont pas au rendez-vous. Mineski échoue à se qualifier pour le premier cycle DPC : elle n'est présente ni au Major de Kuala Lumpur, ni au Minor associé. Un bien piètre ESL One Hambourg (tournoi hors circuit pro) enclenche le mécanisme qui ne cesse, tout au long de la saison, de se mettre en marche : de nouveaux changements de joueurs après chaque échec. En novembre, Mushi s'en va, remplacé peu après par le Suédois pieliedie (qui est, lui, un véritable joueur de support).
En décembre, c'est au tour du coach Clairvoyance de quitter Mineski, alors que l'équipe vient d'échouer à se qualifier pour le Major de Chongqing et pour le Minor de Bucarest. Un mois plus tard, c'est JT-, prêté à Newbee, qui laisse la place à Ahjit. Ce changement débouche sur une qualification au Major de la DreamLeague, enfin.
Le tournoi débute bien, avec un passage en Upper Bracket, mais se conclut très vite dans les Playoffs. Mineski sort sur un simple top 12. Le shuffle permanent reprend : le duo de supports est remercié, deux anciens de Mineski reviennent, Bimbo et ninjaboogie, qui prend aussi la place de capitaine. Mineski parvient ensuite à se qualifier pour le Major MDL Disneyland et réalise un bon ESL One Mumbai, accédant à la finale de ce tournoi hors DPC (et au niveau peu relevé, avouons-le). En pleine période faste, la structure recrute l'ancien coach d'EHOME, 71.
Le Major Disneyland se termine sur un nouveau top 12, mais Mineski y subit les aléas des tournois en tombant sur des équipes très fortes. La place est certes un peu décevante, mais pas inquiétante : pour la première fois, il n'y a donc pas de réorganisation après un cycle de Major. La line-up s'accroche pour confirmer les deux mois encourageants écoulés... et s'écrase dans le Qualifier pour le Major Epicenter. En revanche, cette fois, Mineski se qualifie pour le Minor.
Les espoirs sont permis, dans la mesure où ce Minor offre deux places pour l'Epicenter, mais l'équipe asiatique le rate totalement. Sans surprise, les vents du changement soufflent à nouveau : Ahjit sort du roster et le coach 71 est également remercié. Mineski recrute alors Nikobaby, un joueur bulgare expatrié depuis le début de la saison et qui a joué successivement chez Clutch Gamers et WGU.
C'est avec une line-up sans cesse modifiée - seuls deux joueurs sur cinq sont présents depuis le mois de septembre - que Mineski aborde le Qualifier pour TI9. Paradoxalement, cette équipe qui a beaucoup souffert et qui n'a pas réussi à s'imposer dans une compétition majeure fait figure de favori pour la victoire : Fnatic et TNC étant qualifiées via le Dota Pro Circuit, il ne reste plus grand monde dans la zone SEA, qui a été à la peine toute l'année.
Le Qualifier se révèle pourtant plus serré qu'on pouvait l'anticiper : Mineski, renouvelée deux semaines plus tôt seulement, est largement distancée par la Team Jinesbrus (où l'on retrouve d'anciens joueurs de MVP, dont Febby) et doit lutter dans les Playoffs. La Team Jinesbrus lui donne du fil à retordre dans la finale, remportée sur le fil 3 à 2. Après un an de galère, Mineski retourne à The International.
Les membres de Mineski
Nikobaby
Plusieurs joueurs européens du vivier Tier 2 sont partis tenter leur chance en Asie du Sud-Est cette année : Nikobaby fait partie du lot. De la fin 2014 au début 2016, il fait partie de quelques petites équipes européennes, notamment Basically Unknown et Balkan Bears, où il croise des joueurs comme 7ckingMab (Ceb) ou MinD_ContRoL. Rien n'est pérenne, les stacks sont très volatiles et la carrière de Nikobaby semble s'arrêter là. En septembre 2018, pourtant, il part rejoindre Clutch Gamers en Thaïlande. Cette équipe recrute en effet des Européens depuis le début de l'année 2018. Il reste quelques mois dans cette structure, puis joue un peu pour WGU. Mineski le débauche fin juin 2019 : il est dans la line-up depuis deux semaines lorsque le Qualifier pour TI9 s'ouvre.
- Première apparition à The International
Joueur de carry presque exclusivement, Nikobaby est le position 1 de la nouvelle Mineski après avoir succédé au plus éprouvé Ahjit. Il prend plutôt des héros actifs en milieu de partie que des carrys de fin de partie, et il équipe ses personnages de manière à enfoncer l'adversaire vers les minutes 25-30.
A surveiller : Slark, Ember Spirit
Moon
Moon est présent dans le paysage SEA depuis plusieurs années (sous le pseudo NaNa à ses débuts). Il perce vraiment fin 2016 chez WarriorsGaming.Unity, une structure avec laquelle il passe un peu plus d'un an. Après un échec dans le Qualifier SEA pour TI7, il intègre Mineski, où il termine sa deuxième saison consécutive.
- The International 2018 : Mineski, 9-12ème
Ce solo mid, avant tout connu pour son Invoker, peut jouer beaucoup de héros différents (mais ni Meepo ni Arc Warden). Il est très vite agressif et met une pression très forte sur l'adversaire à partir de la minute 15, lorsque ses héros débloquent un ou deux petits objets. Il cherche presque constamment à capitaliser sur un effet boule de neige.
A surveiller : Tinker, Huskar
kpii
kpii est l'un des rares joueurs australiens qui aient réussi à poursuivre une carrière à l'international. Il se fait connaître avec la squad australienne Cant' Say Wips, puis s'installe en Corée avec MVP Phoenix. Après TI5, il part en Chine au sein de EHOME.K (future Keen) et se fait remarquer par Newbee, qui le recrute en mars 2016. Il reste au sein de cette structure jusqu'en septembre 2018 : il est donc présent lors de l'ascension du printemps 2016, lors de l'excellente saison 2016-2017 qui s'achève en finale de TI, et lors de la dégringolade de la saison suivante. Il part chez Mineski après un TI8 douloureux, qui conduit à l'éclatement d'une des line-ups à la plus importante longévité du Dota 2 compétitif.
- The International 2015 : MVP Phoenix, 7-8ème
- The International 2016 : Newbee, 9-12ème
- The International 2017 : Newbee, 2ème
- The International 2018 : Newbee, 13-16ème
Offlaner de vocation, kpii conserve ce poste chez Mineski. Au-delà de sa Naga Siren qu'il ne joue plus guère (et plus du tout comme avant), il prend avant tout des initiateurs comme Slardar ou Sand King, davantage que des héros utilitaires, même si c'est moins le cas dernièrement. Il est chargé d'apporter du contrôle massif en teamfight, un rôle crucial et sensible - lorsqu'il n'est pas en forme, cela se ressent donc immédiatement sur les performances de son équipe. Il dispose d'un panel de héros extrêmement étendu, ce qui est un gros avantage pour les drafts.
A surveiller : Naga Siren, Enigma
Bimbo
Ce joueur philippin, appelé aussi Raging Potato, a une très longue expérience derrière lui, puisqu'il débute en compétition en 2011. D'ailleurs, chez Mineski, une équipe au sein de laquelle il passe plus de cinq ans entre la fin 2011 et le printemps 2017, période à peine entrecoupée d'un bref épisode chez Execration. Il retrouve d'ailleurs cette équipe ensuite et joue avec son premier - et seul - International. En 2018, il fait partie de line-ups éphémères, toujours philippines. Mineski le rappelle en mars 2019.
- The International 2017 : Execration, 13-16ème
Au cours de sa carrière étendue, Bimbo a occupé la plupart des rôles. Il y a quelques mois, il était encore core player avec l'équipe Detonator. En tant que support, il est plutôt position 4, et c'est ce poste qu'il occupe désormais chez Mineski. Il possède la capacité de prendre des héros très variés, même ceux que l'on n'a guère l'habitude de voir en pos 4. Cela rend les drafts de Mineski parfois difficiles à lire, d'autant plus qu'un même héros peut facilement être pris par lui ou par kpii.
A surveiller : Nature's Prophet, Pangolier
ninjaboogie
Vétéran de la compétition, ninjaboogie commence sur HoN et bascule sur Dota 2 en 2012. Il passe l'essentiel de sa carrière au sein de diverses équipes des Philippines, pas toujours très connues. Ses premiers succès sont obtenus avec Rave en 2015. Mineski le recrute en septembre 2016 et il passe deux saisons complètes avec cette structure, jouant en 2018 son premier International. Après TI8, il change de crèmerie pendant six mois pour jouer avec TNC Predator, avant de revenir chez Mineski en mars 2019.
- The International 2018 : Mineski, 9-12ème
ninjaboogie est le capitaine de l'équipe et le position 5, comme l'an passé. Son expérience l'a conduit à peu près à tous les postes, mais il s'est concentré ces dernières années sur le support. Il peut jouer à peu près tous les grands classiques de la position 5 mais dispose aussi d'une vraie capacité à sortir des choses peu courantes - il faudra donc le surveiller à TI9.
A surveiller : Techies, Spirit Breaker
Kenchi
Au fil des années, Mineski a eu de nombreux coachs. Au printemps, le coach chinois 71 n'est pas resté très longtemps. Lorsque l'équipe n'a personne particulièrement en charge, Kenchi prend le relais. Ce vétéran parmi les vétérans n'est plus un joueur professionnel depuis longtemps : il n'a quasiment jamais joué des parties compétitives sur Dota 2 (il était actif sur DotA !). Il est l'un des fondateurs et des piliers de la structure Mineski et oeuvre au développement du Dota philippin depuis des années. En 2016, il a fait office de coach pour Fnatic à l'époque du top 4 à TI6, et prend ce rôle pour épauler Mineski selon les besoins. Cela a été le cas à plusieurs moments cette année.
Les mots de la fin
L'année a été dure, émaillée de réorganisations quasi constantes : Mineski illustre les difficultés des équipes qui ne parviennent pas à gagner et à s'imposer dans un Dota Pro Circuit dominé par une poignée de monstres. En 2018, elle abordait The International en tant que meilleur espoir de sa zone. La situation n'est guère comparable un an plus tard. Mineski est-elle pour autant vouée à faire de la figuration dans le tournoi ? Hugo et Guiguioh ont chacun un avis sur la question.
Hugo : A chaque fois que Mineski a réussi à se qualifier à un Major cette saison, ils ont réussi à accrocher des parties et à sortir du bottom 16. Leur line-up est un bon mix entre expérience et talent. Même s'ils ne sont pas là pour rivaliser avec les meilleures équipes, je pense qu'ils sont au-dessus d'une bonne partie du Tier 2 international. Ils ont été poussés dans leurs retranchements lors du Qualifier pour TI, mais leur line-up était toute récente avec l'intégration de Nikobaby. Avec deux bons mois de préparation, c'est une équipe qui peut créer la surprise.
Guiguioh : Mineski est pour moi un gros point d’interrogation en arrivant à ce tournoi. Ils sont sortis aux forceps du Qualifier régional SEA en étant plusieurs fois au bord de l'élimination. Et l’ensemble de leur saison n’a rien de rassurant, avec de nombreux changements de roster sans jamais voir de résultat intéressant. Cette équipe possède de très bonnes individualités ( Moon, raging_potato ) mais je n’ai aucune confiance en leur synergie globale. La compétition sera rude à Shanghai et je ne vois pas Mineski faire mieux que top 12.
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