La troisième équipe SEA assurée de disputer The International 2016 vient de Malaisie. Elle a eu de beaux succès depuis six mois mais a tout de même dû passer par les qualifications.

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8. Wings Gaming, la jeune génération chinoise
9. Evil Geniuses, champions en titre
10. TnC, outsider philippin
11. Alliance, le retour des champions de 2013
12. Vici Gaming Reborn, prétendant solide

 

La dernière grande équipe malaisienne

La Malaisie est, depuis de nombreuses années, un foyer d'équipes qui s'en sortent bien sur la scène sud-est asiatique, voire mondiale. Toutefois les percées dans les tournois majeurs ont été assez rares. Lors de The International 2013, Orange, dirigée par Mushi, a fait vibrer les coeurs et a fini à la troisième place. Lors de la saison suivante, les joueurs de cette équipe ont quitté la structure pour fonder Titan, qui s'est plutôt bien débrouillée malgré l'absence de l'ancien capitaine recruté par l'équipe chinoise DK.

Après TI4, Mushi et ses anciens compagnons ont tenté de relancer la dynamique d'Orange avec la Team Malaysia ; toutefois, en dépit de bons résultats, le groupe s'est séparé. Mushi et Ohaiyo ont tenté un détour vers EHOME en Chine qui a tourné court, sont repartis en Malaisie, la nouvelle Team Malaysia a été recrutée par la structure Fnatic. Dominante sur la scène sud-est asiatique avant TI5, l'équipe fait un International catastrophique et termine dans les tréfonds du classement.

Des changements importants semblaient à ce stade nécessaires : Fnatic a profondément modifié sa line-up, ne conservant que Mushi et Ohaiyo des mois précédents. Dans un premier temps, Fnatic misé sur l'apport de vétérans : Net, qui était chez Orange en 2013 et l'Allemand Black^. Le résultat a été médiocre, Fnatic a peiné à s'imposer vraiment sur la scène SEA avant de s'échouer à nouveau à la 13-16ème place au Major de Francfort.

De ce fait, en décembre, Black^ a été congédié et un joueur pubstar sans expérience compétitive a été recruté, MidOne (ou Miduan) - pour jouer au mid, comme souvent sur ce profil de joueur. Fnatic a clairement repris du poil de la bête et s'est aisément qualifiée pour le Major de Shanghai, dominant. Dans ce tournoi, la série noire a été vaincue, un top 6 a été décroché, même si la défaite finale est encaissée face à la grande rivale SEA, MVP Phoenix.

Après le Major, Mushi se place en retrait quelques temps pour raisons de santé. Un remplaçant est embauché pour assurer l'intérim : il s'agit de 343, un joueur passé par diverses équipes SEA et surtout malaisiennes au cours des ans, sans avoir percé. Fnatic entame alors une période de domination absolue sur la scène sud-est-asiatique. Lors du retour de Mushi début mai, 343 est promu comme membre permanent tandis que Net choisit de quitter l'équipe plutôt que de passer remplaçant. Ce changement reçoit des critiques de fans qui estiment que Fnatic réussissait mieux sans Mushi (et l'échec de l'EPICENTER semble confirmer cela dans un premier temps).

Très logiquement, Fnatic reçoit son invitation au Major de Manille et finit là encore dans le top 6. Ce nouveau bon résultat ne permet en revanche pas de décrocher une invitation à The International 2016 car, en dehors de ses deux top 6 dans les Majors, Fnatic n'a pas réussi à faire grand chose dans les autres LANs. Elle part favorite dans les qualifications SEA pour TI6 mais se fait griller la politesse par TnC Pro Team dans les matchs pour départager les trois premiers. De ce fait, Fnatic ne récupère que la deuxième place.

 

Le style Fnatic

Comme chaque équipe de cet International ou presque, Fnatic possède une manière de jouer spécifique. Elle se base notamment sur un duo de cores interchangeables entre Mushi et MidOne, assez proche dans l'esprit du duo de OG Miracle- / n0tail. MidOne prend plus souvent le mid et Mushi davantage le poste de carry safe, mais les positions ne sont pas figées. Plus encore, la priorité de farm n'est pas nécessairement très nette entre les deux. Globalement, on peut dire que MidOne a tendance à être plus souvent placé sur des héros à fort potentiel de snowball tandis que Mushi récupère des carrys plus traditionnels qui ont à farm.

Cet état de fait révèle la profonde mutation opérée dans le style de Fnatic, qui tournait essentiellement autour de Mushi jusqu'à cet hiver. Après le Major de Shanghai, il a fallu s'adapter à l'absence du maître, qui a eu le grand bénéfice de permettre aux autres d'exprimer leur plein potentiel en montrant qu'ils pouvaient jouer différemment que "au service de". Cela a notamment été le cas pour DJ qui a pu jouer des junglers capables d'opérer une transition vers le semi-carry.

Lorsque Mushi est revenu au sein de Fnatic, ces acquis ont été préservés. Les Malaisiens ont pu conserver la même dynamique et sortir du paradigme "Mushi + 4". Avec des joueurs plus à l'aise dans leurs rôles respectifs, sur des héros qui leur conviennent davantage, les performances dépendent moins d'un seul joueur qui, s'il est brillant, n'est pas forcément le plus fiable dans la durée. Permettre à chaque membre de l'équipe de porter à tour de rôle les autres a été un grand pas en avant pour Fnatic.

Sur les dix derniers mois...

• 71 % de victoires, tant côté Radiant que Dire
• Héros les plus joués : Vengeful Spirit (44 fois, plus d'une partie sur quatre) suivie de Batrider et d'Invoker
• Héros les plus bannis par les adversaires : Batrider (Ohaiyo), Invoker (MidOne), Dark Seer (Ohaiyo)
• Leurs plus grands succès : Spectre, 18 victoires en 19 parties, et Nyx Assassin, 18 victoires en 20 parties
• Le héros qui leur réussit peu : Lion, seulement 13 victoires en 24 parties

En dehors de cela, Fnatic a tendance à ne pas se presser dans les parties ; elle ne vise pas un tempo particulièrement rapide, prolonge volontiers en late game avec des drafts contenant souvent un héros très fort dans ces phases de jeu. Elle possède finalement un style assez classique (mais paradoxalement peu courant dans les top teams cette année) : s'adapter aux adversaires, chercher à prendre l'ascendant petit à petit. Un héros en particulier la distingue toutefois, la Medusa de Mushi, un héros qui revient très régulièrement.

 

Les joueurs

Mushi

Mushi est incontestablement la super-star de la scène Dota 2 malaisienne. Il est entré en compétition sur DotA en 2010 et a écumé depuis les principales équipes de Malaisie. En 2013, il a mené Orange aux portes de la victoire à TI3, puis a été recruté comme capitaine pour l'équipe all stars montée par DK. En 2014-2015, il a oscillé entre la Malaisie (Team Malaysia) et la Chine (EHOME) et a finalement participé à TI5 sous les couleurs de Fnatic avec une équipe malaisienne. Après ce tournoi, il est resté avec Ohaiyo chez Fnatic, toujours comme capitaine, en tentant de faire mieux.

• The International 2012 : Orange, 7-8ème 
• The International 2013 : Orange, 3ème
  
• The International 2014 : DK, 4ème
  
• The International 2015 : Fnatic, 13-16ème
  

Mushi est un joueur extrêmement polyvalent : il alterne depuis longtemps entre le rôle de carry et de mid (il échangeait déjà selon les parties et les héros en 2013 avec kYxY, en avance sur ce qui se fait beaucoup de nos jours) et a même joué support quelques mois chez Fnatic. Il y a peu de héros qu'il ne joue pas, Invoker est l'un d'eux. Dans le duo de cores actuel avec MidOne, il a tendance à prendre le carry de fin de partie.

Héros-signatures : Shadow Fiend, Queen of Pain, Medusa

 

MidOne

MidOne / Miduan est fraîchement débarqué sur la scène compétitive. En effet, avant d'être recruté par Fnatic en décembre 2015, il n'avait jamais joué dans une véritable équipe à haut niveau. C'est un joueur de grand talent individuel, une pubstar comme il en arrive de plus en plus dans le circuit compétitif depuis deux ans. Il a été le premier joueur à dépasser les 8000 MMR sur les serveurs asiatiques.

• Aucune participation à un International

MidOne joue de préférence au mid, comme son nom le dit explicitement. Il y joue beaucoup Invoker (environ une partie sur cinq), en alternant d'ailleurs les builds là où d'autres joueurs d'Invoker se spécialisent davantage. De façon générale, il a tendance à privilégier les héros qui snowball en milieu de partie pour atteindre un pic de puissance assez rapide plutôt que des héros au tempo plus tardif, mais ce n'est pas une vérité absolue.

Héros-signatures : Invoker, Puck, Ember Spirit

 

Ohaiyo

Ohaiyo est un habitué des bonnes équipes malaisiennes. Il est entré dans le circuit en 2012 chez MUFC puis est passé chez Orange à la grande époque. Au début de la saison suivante il est parti fonder Titan avec ses coéquipiers (sauf Mushi, recruté par DK) et y est resté jusqu'à la fin de l'été 2014. Il a ensuite retrouvé Mushi dans la Team Malaysia, l'a accompagné dans la tentative EHOME en Chine, est retourné avec lui en Malaisie pour une nouvelle version de la Team Malaysia, devenue Fnatic peu avant TI5. Il est le seul qui soit resté avec Mushi après l'échec qu'a constitué la 13-16ème place.

• The International 2013 : Orange, 3ème
• The International 2014 : Titan, 9-10ème
  
• The International 2015 : Fnatic, 13-16ème

Ohaiyo est avant tout un joueur d'offlane et il a logiquement conservé sa position chez Fnatic. Comme nombre de ses pairs d'aujourd'hui, il joue surtout des initiateurs ou des utilitaires, avec en particulier beaucoup de Batrider. De ce fait, il joue assez peu d'autres types de héros : son Nature's Prophet se fait rare, par exemple.

Héros-signatures : Nature's Prophet, Batrider, Dark Seer

 

DJ

DJ est le seul joueur non malaisien de l'équipe. Venu des Philippines, il a évolué dans plusieurs équipes de ce pays depuis la fin 2013. Il était chez Rave sur la saison 2014-2015 et a de ce fait participé à quelques compétitions majeures, dont le DAC en mars 2015. En revanche, il n'a jamais mis les pieds dans un International. Il a été recruté par Fnatic dès le mois d'août 2015.

• Aucune participation à un International

Dans ses équipes précédentes, DJ jouait offlaner. Chez Fnatic, la place était prise : il est désormais support. Il a beaucoup joué de junglers comme Chen ou Enchantress il y a quelques mois, désormais il est davantage place sur des héros qui mettent de la pression sur les lignes dès le début de partie (Earth Spirit avant tout). Son Enigma est invaincu jusqu'ici (sept victoires en sept apparitions, toutes intervenues ces six derniers mois).

Héros-signatures : Earth Spirit, Io, Enchantress

 

343

343 est entré dans le monde compétitif Dota 2 fin 2013. Il a fait partie de diverses équipes secondaires malaisiennes (en majorité), y restant juste quelques mois en général. Au début de la saison, il a fait partie de la Team123 dont la composition promettait de belles choses et qui n'a finalement pas réussi grand chose. Il en a été le capitaine avant de rejoindre Fnatic en mars 2016 seulement (il n'a de ce fait pas eu droit à sa photographie officielle).

• Aucune participation à un International

343 est un support pur jus qui alterne selon les versions et les équipes entre un rôle défensif et un poste plus offensif. Chez Fnatic, tout dépend des héros draftés : il peut aussi bien aider son carry au départ que bouger avec un Riki, un BH, un Tusk... Il possède de nombreuses cordes à son arc et partage en outre des héros communs avec DJ, ce qui rend les drafts moins lisibles.

Héros-signatures : Vengeful Spirit, Phoenix, Tusk

Conclusion

Fnatic est le dernier avatar des équipes malaisiennes construites autour de Mushi, même si elle ressemble moins à Orange 2013 que les équipes des années précédentes. De manière étonnante, elle se retrouve à peu près seule sur la scène malaisienne, sur laquelle évoluaient traditionnellement plusieurs équipes sérieuses. Cette fois, Fnatic semble avoir fait le vide, et les rivales se trouvent plus loin, aux Philippines et en Corée.

En dépit des bons résultats des Majors d'hiver et de printemps, Fnatic n'a pas été invitée à TI6, contrairement à MVP Phoenix. Elle a clairement souffert de sa mauvaise performance à l'ESL One Francfort et de la difficulté que pouvait avoir Valve à inviter deux équipes SEA, ce qui aurait conduit à une surreprésentation de cette scène à The International. Elle s'est qualifiée de toute façon et vise nettement le top 8. Le problème, évidemment, est de savoir si elle peut aller plus haut, l'environnement actuel étant très dur. V0ja de la FroggedTV nous donne son opinion sur le sujet :

Fnatic est une équipe pleine de surprises. Sortie deuxième du Qualifier SEA pour The International, la squad enchaîne les résultats satisfaisants. Ce qui fait, à mon goût, la particularité et la force de l'équipe, c'est sa capacité à s'adapter en terme de drafts et de stratégie. Si je ne me trompe pas, ils étaient l'équipe à avoir pick le plus de héros différents lors du Major Shanghai, ça en dit long sur leur polyvalence.

Le talent individuel est au rendez-vous, à l'image du légendaire Mushi, mais ses mates sont capables de prouesses : DJ l'a bien montré avec son Enigma pour n'en citer qu'un. La scène SEA n'a jamais vraiment fait vibrer la foule, mais le Major de Manille a redirigé le regard des fans de Dota dans cette direction. Fnatic est un très grand artisan de cette scène, et même si MVP ou encore TNC ont su surprendre, Fnatic est la valeur sûre de cette région selon moi.

L'équipe draft de manière très réactive en essayant au mieux de s'adapter aux choix adverses, cette manière de faire demande un grand travail théorique en amont. Attendez vous donc à voir un Fnatic avec beaucoup de ressources, de diversité, de polyvalence mais surtout, espérons-le, beaucoup de génie. Peuvent-ils remporter The International ? J'en doute, mais un top 8 voir top 6 me parait être un résultat envisageable et correct pour l'équipe SEA !