La DreamLeague s'ouvre sous de mauvais auspices
Les phases finales de la saison 2 de la DreamLeague ont débuté aujourd'hui, mais le tournoi est loin de ses ambitions initiales : récit d'un naufrage.
La Fontaine revisité
La DreamLeague, lancée au printemps 2014, avait l'ambition de devenir la plus grosse ligue Dota 2 en Occident, avec deux saisons par an, en s'appuyant sur les LAN gigantesques que sont les DreamHack Winter et Summer. La première saison s'est plutôt bien déroulée au regard de cette ambition : ses finales, en juin 2014, avaient permis à Alliance de remporter l'un de ses rares titres de l'année 2014. Pour une première édition, cette ligue avait remporté un net succès puisque le total des prix avait gonflé depuis une base de 100 000 $ jusqu'à environ 260 000 $ !
Pour la deuxième saison, les organisateurs se sont laissés griser par le succès précédent et par la tendance à la multiplication des tournois globaux prestigieux. Ils ont donc tablé sur des qualifications régionales sur le mode de TI, comme beaucoup d'autres tournois (StarLadder, WEC, i-league, ESL...), mais se sont surtout emportés pour ce qui est du calendrier : ils ont prévu quasiment deux semaines de LAN, alors que la norme pour un tournoi Dota 2 est de trois à cinq jours. Seul The International fait exception, et pour cause : son prix est beaucoup plus important. Prétendre retenir les joueurs aussi longtemps pour un prix total vingt fois inférieur au mieux paraissait au mieux irréaliste.
Comme dans la fable, la DreamLeague a essayé de devenir aussi grosse que le boeuf : organisation carrée dans les phases online, LAN longue qui culmine en présence du public, casting prestigieux avec les plus grandes équipes du monde. Mais petit à petit, il est devenu évident qu'une grenouille ne peut grossir qu'à un certain point.
Les nuages se sont accumulés sur le tournoi, posant la question de sa viabilité : plusieurs équipes ont critiqué des horaires imposés par des admins inflexibles et le plus souvent sourds à des demandes de changements, peu importe la lourdeur de certains calendriers. L'équipe en charge de la DreamLeague a finalement été remplacée au milieu de la phase des groupes par le GD Studio, en charge de la saison 1. Le lien a manifestement été renoué avec les joueurs et le navire a été redressé.
Malgré la réorientation, le tournoi reste handicapé par de lourdes faiblesses. Le ticket a été mis en vente très tard, sans les items attendus (un HUD et un casque pour Sniper) ; en contrepartie, la DreamLeague ne garde rien pour elle et reverse tout (sauf la part de Valve) dans le prix.
Enfin, et c'est probablement le plus gênant désormais, trois équipes sur les huit qualifiées pour la phase de ligue en LAN se sont désistées : Empire, en raison d'un roster instable, n'a pas d'équipe fixe pour jouer. Quant aux deux équipes chinoises, iG et LGD, elles ont annoncé que la Suède avait refusé les visas des joueurs ; cependant, une rumeur insistante veut que les structures aient fourni à dessein des dossiers incomplets afin d'éviter une LAN de deux semaines pour un prix qui s'annonce comme relativement faible.
Ces équipes ont dû être remplacées par d'autres, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le casting final vend peu de rêve : pour l'Asie, MVP Phoenix a été repêchée alors que l'équipe a enregistré une piteuse performance de 1-8 sur le groupe ; elle sera la seule représentante de l'Asie. Un vague mix à base d'Alliance remplace l'autre équipe chinoise, avec Loda et Akke, sans Bulldog qui a pris des congés ; difficile de penser que l'équipe sera en mesure de briller alors qu'Alliance a abandonné plusieurs autres tournois afin de se reconstruire. Pour terminer, VP remplace Empire, qui s'était montrée à son meilleur niveau dans les phases de groupe d'Europe de l'Est.
En somme, la ligue qui avait l'ambition de devenir la plus importante en Occident voire dans le monde s'est rapidement affaissée. Il n'est donc à ce stade pas certain qu'une saison 3 soit organisée par la suite.
Pour en savoir plus sur la reprise par le GD Studio et les divers déboires du tournoi, vous pouvez consulter une interview accordée par Bruno et résumée sur joinDOTA.
Les concurrents
Huit équipes ont commencé en début d'après-midi à s'affronter, en LAN. Six d'entre elles accèderont aux finales jouées lors de la DreamHack Winter. Revue des concurrents en lice.
Evil Geniuses est sans aucun doute l'équipe qui partira favorite, en l'absence des équipes chinoises et des autres grandes équipes mondiales (Secret notamment). L'équipe nord-américaine a su traverser sans heurts la période post-TI4 et est l'une des deux seules, avec VG, à avoir remporté deux tournois globaux depuis le début de la saison : les WEC en Chine, la saison X du StarLadder à Kiev. A New York, EG s'est en revanche inclinée face à VG.
EG a bâti son succès sur des joueurs extrêmement forts individuellement : Universe en solo hardlane, zai comme semi-support et Arteezy au milieu sont particulièrement impressionnant. Le capitaine et drafteur ppd possède une vision exceptionnelle de la phase de draft, tandis que Fear apporte sa solidité et son expérience. Ces derniers temps, on voit progressivement la répartition des rôles basculer, notamment entre Fear et zai qui échangent régulièrement leur poste.
Cloud 9 reste pour ce début de saison l'une des meilleures équipes d'Occident. Elle a peu changé après TI4, avec seulement un mouvement sur le joueur mid (FATA de mouz venu remplacer SingSing). Mais Cloud 9 est affectée depuis sa création d'une malédiction : l'équipe ne parvient pas à remporter un tournoi important et termine en général à la deuxième ou troisième place. Ce tournoi-ci sera une nouvelle occasion de briser la tendance.
Virtus Pro a presque entièrement changé fin août, après une saison décevante qui s'est achevée par un échec lors des Play-In de TI4. La nouvelle équipe s'est placée comme l'une des meilleures de la zone CIS (surtout avec l'effondrement de Na`Vi), en se qualifiant pour plusieurs LAN majeures : StarLadder X, i-league et maintenant DreamLeague. Mais jusque là, VP n'a remporté que le MSI Beat It Global, un tournoi moins important, début novembre.
Virtus Pro Polar est la deuxième équipe VP, enrôlée après la victoire de NVMI à la Game Show League. Créée en août autour de Goblak, formée de joueurs talentueux russes et ukrainiens, VP Polar est clairement une équipe CIS qui a le vent en poupe. Cependant, le transfert de Goblak chez Na`Vi il y a moins de trois semaines puis le départ de Scandal laissent l'équipe affaiblie. Les remplaçants non officiels pour l'instant sont fng, éphémère capitaine de Na`Vi, et MAG, ancien hardlaner d'Empire. Il n'est pas certain que l'équipe soit suffisamment rodée pour affronter la DreamLeague.
Team Tinker est une autre nouveauté de la saison. Elle était à l'origine annoncée comme temporaire, à partir de joueurs de différentes équipes (Liquid, Cloud 9, mouz et un remplaçant de Fnatic, qui a ensuite cédé sa place à EGM d'Alliance), puis s'est installée. Elle a jusque là remporté plusieurs petits tournois mais aucun gros. Elle n'a pas brillé dans la seule LAN majeure disputée (StarLadder saison X) et une bonne place dans la DreamLeague ferait certainement du bien au moral des joueurs.
4 Anchors + Sea Captain est une équipe finnoise indépendante (et au logo impressionnant) formée autour de Trixi, ancien hardlaner de Fnatic. D'abord fondée pour participer à de petits tournois, l'équipe a décidé de poursuivre et est parvenue à se qualifier pour la DreamLeague, passant même devant la Team Secret. Ce sera sa première occasion de se tester dans une LAN majeure.
MVP Phoenix sera la seule équipe asiatique suite à la non-venue des équipes chinoises. L'équipe coréenne avait impressionné par la rapidité de ses progrès à la saison précédente et n'avait échoué que sur la dernière marche à se qualifier pour TI4, face à une Team Liquid en grande forme. Depuis, MVP n'a pas changé de joueurs et reste la meilleure équipe de Corée ; elle a remporté également un tournoi sur la zone SEA. Elle doit cependant toujours prouver qu'elle est au niveau des grandes équipes des autres régions, après un piteux StarLadder.
Alliance, ou du moins une certaine version d'Alliance, remplace une équipe chinoise. L'équipe a perdu en début de saison son capitaine et joueur mid s4 passé chez Secret, puis un support, EGM, parti dans la Team Tinker. Ces départs ont été rudes et les remplaçants trouvés, Misery et Chessie, ont peu joué avec l'équipe (Chessie est blessé depuis un bon moment). Les anciens champions de 2013 et tenants du titre de la DreamLeague jouent donc depuis plusieurs semaines avec des standins qui pourraient être pérennisés. Mais les performances restent médiocres et Alliance s'est retirée la semaine passée de plusieurs tournois afin de trouver le temps de se reconstruire. C'est un roster sans Bulldog qui participera à la DreamLeague, ce qui a priori ne préfigure en rien la prochaine line-up Alliance. Une bonne place serait encourageante, mais les aléas des dernières semaines la rendent improbable.
Le format
Comme pour la première saison, le format reste assez spécial, avec en prime une phase de LAN sur près de deux semaines. Cet après-midi ont commencé les matchs de ligue, avec un tournoi en round Robin : toutes les équipes jouent les unes contre les autres, dans des matchs en Bo2 (comme pour TI).
Les deux meilleures équipes se qualifieront pour le tournoi final de la DreamHack. Les quatre suivantes se qualifieront pour le premier tournoi de la DreamHack (dit "Round 6"), qui permettra de sélectionner les deux derniers participants du tournoi final. Les équipes arrivées en septième et huitième places seront éliminées. Les Playoffs seront donc joués en deux temps, un peu sur le modèle de la phase 3 de The International 2014, l'arbre qui avait précédé les phases finales.
La DreamLeague ne sera pas couverte sur le site JoL Dota 2 qui manque toujours de rédacteurs (un seul ne peut pas tout suivre !) et qui recherche toujours de l'aide, mais venez discuter du tournoi sur nos forums quand même et faire vos pronostics.
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