Ben Cousin : « Pourquoi les consoles ont vocation à mourir »
Selon Ben Cousin, au regard du profil actuel des joueurs sur consoles et des impératifs économiques du marché, les consoles ont vocation à mourir, supplantées par le PC et le jeu mobile.
On connait les codes économiques qui dictent l’état du marché des consoles : très cycliques, les nouvelles générations de consoles suscitent un fort engouement jusqu’à atteindre un pic et déclinent lancement jusqu’au lancement de la prochaine génération de machines de salon. La génération actuelle de console est à bout de souffle et 2013 sera l’année des (nouvelles) consoles - sinon de leurs sorties au moins de leurs annonces officielles.
L’industrie du jeu frétille mais pour autant, certains prophétisent (parfois de longue date) la mort des consoles, mangées notamment par les appareils mobiles. Ben Cousin est l’un d’eux et s’il prêche sans doute un peu pour sa paroisse (il est à la tête de Scattered Entertainment, studio possédé par DeNA, le géant japonais du jeu mobile), il est aussi un vétéran de l’industrie du jeu en ligne et s’est souvent montré visionnaire (il a notamment appréhendé très tôt – et bien avant d’autres en Occident – l’émergence du jeu free-to-play et avait à ce titre chapeauté le lancement de Battlefield Heroes). Et dans une tribune libre publiée par Kotaku, il entend faire la démonstration « des raisons impliquant la mort programmée des consoles ».
Ben Cousin s’appuie sur des données factuelles : les consoles de salon sont vendues à pertes et les constructeurs réalisent leur marge grâce aux licences et ventes de jeu. Pour rentabiliser les couts de production, de distribution, de recherches et développement et de marketing, les constructeurs doivent donc vendre un volume important de consoles et plus encore de jeux. Et selon Ben Cousin, malgré les ventes PS3 et XBox 360 (plus de 70 millions d’unités chacune), les consoles auraient généré de lourdes pertes.
Et d’y ajouter le fait que respectivement 42% et 40% des ventes de PS3 et XBox 360 auraient été réalisées après les baisses de prix des consoles (en 2009).
Le développeur en déduit que pour cette proportion de joueurs, le prix est évidemment un critère d’achat important et que la puissance intrinsèque des machines est secondaire (à la même époque, on trouvait des PC bien plus puissants) : pour Ben Cousin, l’achat résulte donc d’un rapport prix / performance / commodité faisant de ces acheteurs des « joueurs mainstream », ces joueurs qui achètent une console pour jouer aux quelques blockbusters du moment, plus ou moins occasionnellement.
Dans le même temps, les études menées par l’industrie du jeu mobile démontrent que 50% des possesseurs de consoles possèdent déjà aussi un smartphone ou une tablette. Et selon Ben Cousin, si les plateformes mobiles actuelles ne sont pas encore techniquement à même de rivaliser avec les consoles vieillissantes, elles les rattrapent. Les jeux sont par ailleurs bien moins chers (voire gratuits) et les mobiles bien plus accessibles (on n’achète un mobile pour communiquer, travailler, etc. et le jeu est un plus). Le rapport prix / commodité / performance serait donc déjà à l’avantage des plateformes mobiles et non plus des consoles.
On rétorquera que l’offre vidéo ludique des plateformes ludiques ne rivalise pas (encore) avec celle des consoles, tout comme les usages sont encore très différents selon les deux plateformes. Certes, mais pour Ben Cousin, les développeurs de jeux mobiles ont d’ores et déjà clairement identifié cette population de « joueurs mainstream » et mènent actuellement une stratégie très agressive pour conquérir ce marché.
Au regard de ce constat, pour Ben Cousin, de plus en plus de « joueurs mainstream » consacreront plus de temps et d’argent aux jeux mobiles et, mécaniquement, délaisseront les consoles. Ils ne seront pas majoritaires (une proportion des 40% de joueurs consoles), mais suffisamment nombreux pour remettre en cause le modèle économique traditionnel des consoles. Le marché qui pourrait persister un temps, mais cette évolution inciterait les constructeurs à simplement y renoncer faute de volume de ventes suffisant.
À terme, Ben Cousin identifie deux gros marchés de joueurs : d’une part les jeunes joueurs, les joueurs occasionnels et les « joueurs mainstream » jouant sur mobiles ou assimilés. Et d’autres part les joueurs purs et durs (exigeants et en quête de performances) qui auraient vocation à migrer vers un marché PC, en croissance et plus diversifié (des jeux PC jouables aussi sur téléviseurs, intégrant des périphériques multiples, etc.) pour profiter de « jeux pour gamers », des jeux free-to-play et jeux indépendants.
La position de Ben Cousin ne fait pas l’unanimité (ni chez les joueurs, ni évidemment chez les constructeurs), mais pour autant le développeur y voit un raisonnement logique et il « parie sa carrière sur cet avenir de l’industrie du jeu ». Rendez-vous dans quelques années pour en dresser le bilan ?
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